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À Ychoux, le maire veut prendre un arrêté pour interdire aux habitants de tomber malade

Les 2 médecins actuellement en exercice sur la commune d’Ychoux aimeraient pouvoir prendre leur retraite en 2019. Mais pour le moment, aucun autre médecin ne s’est présenté pour prendre leur suite. Après avoir alerté les institutions à plusieurs reprises, le maire veut faire passer « un arrêté pour interdire aux habitants d’être malades ».
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Le maire du village d’Ychoux dans les Landes veut prendre un arrêté pour « interdire aux habitants de tomber malade ». Sous l’apparence de la plaisanterie, il veut attirer l’attention sur la situation critique des habitants de la commune qui n’auront bientôt plus de médecins près de chez eux à aller consulter en cas de problème de santé. Un point sur la situation.

À Ychoux, le maire veut prendre un arrêté pour interdire aux habitants de tomber malade

Les deux médecins de la commune n’ont pour l’instant pas de successeurs

Cœur du problème rencontré par le village d’Ychoux, le prochain départ en retraite des 2 médecins qui exercent actuellement sur place et qui n’ont toujours pas trouvé de remplaçants. Malgré les efforts du maire pour contacter les institutions, pour le moment, personne n’a répondu et aucun médecin n'a proposé de venir s’installer dans cette commune des Landes.

« Nous avons écrit aux ordres départementaux de médecins, aux hôpitaux, aux facultés... Hélas, nous n’avons reçu aucune réponse », se désole M. Ducom, le maire de la commune de 2300 habitants.

« Si nous ne parvenons pas à trouver un successeur à nos médecins, les malades devront parcourir des kilomètres pour aller consulter les médecins des communes voisines, qui sont déjà débordés et refusent des patients », explique-t-il.

Un arrêté pour interdire aux habitants de tomber malade

C’est avec humour et la volonté d’alerter l’opinion publique que le maire d’Ychoux a déclaré vouloir « un arrêté pour interdire aux habitants d’être malades ». Et lorsqu’il fut interrogé sur sa volonté de mettre son idée à exécution il a d’abord déclaré à l’AFP : « Il n’y a rien de plus sérieux », « c’est la situation qui est grave », a-t-il insisté, avant d’admettre que son idée est surtout un « moyen de faire le buzz, d’alerter [les] responsables pour qu’ils prennent conscience du problème. L’État laisse la maladie envahir nos campagnes ! », peste-t-il. Il a toutefois précisé qu’il n’irait pas plus loin avec l’arrêté.

Les patients s’inquiètent de ne bientôt plus pouvoir consulter près de chez eux

Les patients, pour la plupart des personnes âgées, confirment : « Les médecins des communes voisines refusent de prendre des rendez-vous avec de nouveaux patients venant d’ailleurs », s’inquiète Marie, 69 ans, qui doit être régulièrement suivie médicalement pour le traitement de sa maladie.

« Il y a beaucoup de personnes âgées sur la commune, comment allons-nous faire s’il faut se rendre à Biscarrosse, Parentis ou Pissos pour une consultation ? », interroge Mauricette, 87 ans, qui a des problèmes de mobilité. Elle s’amuse par ailleurs de l’idée de son maire qu’elle trouve plutôt bonne. « Si seulement ça pouvait empêcher que nous soyons malades ! » dit-elle en souriant.

Pour Fabien, 42 ans, qui s’occupe de son père malade, « si les deux généralistes ne sont pas remplacés, ça sera une catastrophe, car dans certains cas, il faudra se rendre à l’hôpital d’Arcachon ou de Bordeaux, à plus d’une heure de route ».


Ychoux n’est pas considérée comme étant dans une zone de désert médical

« Paradoxalement, même si nous risquons de nous retrouver sans médecin, nous ne sommes pas considérés comme une zone de désert médical », explique le maire de la commune, « par conséquent, les jeunes médecins préfèrent reprendre un cabinet ailleurs afin de profiter des aides à l’installation versées par l’État ».

Il existe effectivement un système d’aides de l’État pour inciter les médecins à s’installer dans des zones de « désert médical », mais malheureusement Ychoux n’est pas considérée comme tel. Donc pour un médecin, c’est la promesse de se retrouver avec beaucoup — trop ? – de patients à gérer sans contrepartie telle qu’un complément de rémunération, une protection sociale améliorée ou encore le versement d’une aide de 50 000 € sur deux ans.

« Pourtant, ici, le travail ne manque pas ! », s’exclame le Dr Pierre Marsaud, l’un des deux généralistes de la maison médicale d’Ychoux qui a décidé de repousser son départ en retraite à la fin 2019.

La mairie a même imprimé des affichettes pour demander aux habitants de faire jouer le bouche-à-oreille et de faire passer le message qu’un médecin est impatiemment attendu dans la commune située à une vingtaine de kilomètres de Biscarosse.