Des diabétiques inquiets après l'arrêt de fabrication de pompes à insuline implantables Medtronic
2 élus de Charente-Maritime ont interpellé le gouvernement sur le cas de centaines de malades diabétiques, dont certains ont peur pour leur vie après l’arrêt de fabrication de pompes à insuline de la société américaine Medtronic, ont-ils indiqué mercredi 7 août à l’AFP. Le point sur la situation.
La pompe à insuline implantable
La mise en place de ce type de pompe nécessite un acte chirurgical afin de l’implanter sous la peau de l’abdomen. La pompe est reliée à un cathéter placé dans le péritoine, permettant ainsi un mode d’administration de l’insuline plus physiologique que la voie sous-cutanée.
Ce dispositif est utilisé par une minorité de patients de diabète de type 1, pour lesquels il n’y a pas d’autre alternative thérapeutique actuellement. La pompe implantable est l’unique traitement permettant d’améliorer ces diabètes instables et de stabiliser ses complications sournoises et gravissimes (cécité, amputation, perte de la fonction rénale, pouvant aller jusqu’au décès).
Selon l’association de médecins Evadiac (EVAluation dans le Diabète du traitement par Implants Actifs), en France, environ 250 personnes portent cet appareil, et sont environ 400 dans le monde.
L’alerte des élus
La sénatrice LR Corinne Imbert a écrit à la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour la prévenir sur la situation de personnes souffrant de diabète « de type 1 complexe », et à qui seule l’implantation dans l’abdomen d’une pompe à insuline permet de mener une vie normale. Pour ces personnes, « il n’existe pas d’autre traitement », a-t-elle indiqué à l’AFP.
Olivier Falorni, député membre du groupe Liberté et territoires, va lui aussi avertir Mme Buzyn « pour rappeler que sur le terrain, des patients sont inquiets ». Medtronic « n’a pas le droit de jouer au casino avec la santé des gens », a précisé le député.
Les élus locaux ont été alertés par Alexandra Rousseau, 48 ans, de Sainte-Soulle, qui s’est fait implanter ce dispositif médical en 2014 et « redoute une triste fin de vie. Ces pompes ont une durée de vie de 6 à 8 ans. Autant nous donner une corde tout de suite », déclare-t-elle à l’AFP.
L’arrêt de la fabrication des pompes à insuline Medtronic en 2020
L’entreprise américaine, leader mondial dans les technologies médicales selon son site web, a décidé d’arrêter la production de ces pompes en 2020.
Le groupe en France n’a pu être joint, mais des documents de Medtronic datés de 2017 expliquent cette décision par la mise en place d’un nouveau système par « administration externe d’insuline ».
Une pétition a été lancée en juin
Une association, le Collectif des diabétiques implantés, fondé en juin, a lancé une pétition signée à ce jour par 2 402 personnes, « pour que la production des pompes implantables continue ».
Le professeur Éric Renard, président de l’association et chef du service Endocrinologie-Diabétologie-Nutrition du CHU de Montpellier, en suit 80. Pour certains d’entre eux, « il y a un risque vital », a signalé à l’AFP le spécialiste selon qui le nouveau modèle « ne donne pas satisfaction » pour ces patients.
Selon lui, « apparemment Medtronic veut céder le brevet à bon prix », mais en 2018 « a promis à l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) qu’elle ne laisserait pas tomber les patients et qu’elle transmettrait le brevet ».
Interrogée, l’ANSM qui va réunir prochainement les parties prenantes, a indiqué à l’AFP avoir demandé à Medtronic un « délai supplémentaire » pour l’arrêt de commercialisation des pompes et attend de la société « des assurances quant à la reprise de cette activité par un autre industriel ».
