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GHB/GBL et alcool : un mélange extrêmement dangereux inquiète les milieux de la nuit

Depuis début 2018, plus de 10 cas de comas et 1 décès sont survenus en raison d’une consommation excessive de GBL. Comment endiguer ce phénomène ?
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Les comas et les overdoses se multiplient dans les grandes villes en raison d’une consommation excessive de GHB (gamma hydro butyrique) et de sa cousine la GBL (gamma-butyrolactone). Un point sur cette situation qui inquiète le monde de la nuit et les autorités.

GHB/GBL et alcool : un mélange extrêmement dangereux inquiète les milieux de la nuit


La « drogue du violeur » largement consommée de façon « récréative »

Le GHB connu jusqu’à présent comme la drogue du violeur est souvent mis en cause dans des cas d’agressions sexuelles. L’agresseur introduit le produit dans le verre de sa victime, à son insu, afin de la rendre plus docile voire de l’endormir avant de passer à l’acte.

Depuis quelque temps, un autre usage du GHB se popularise. Les consommateurs en ingèrent volontairement pour les effets euphorisants, relaxants, et désinhibant proches de celui de l’alcool.

Malheureusement, au-delà des risques d’addiction et de surdosage liés à tout usage de drogue, certains fêtards le consomment avec de l’alcool, un mélange extrêmement dangereux.

Des conséquences dramatiques

Selon des chiffres de la préfecture de police de Paris, depuis fin décembre 2017, 10 jeunes âgés de 19 à 25 ans seraient tombés dans le coma à la suite d’une overdose de GBL survenue dans des clubs de la capitale, et un jeune homme de 24 ans en est même décédé le 10 mars 2018.

« On est sur un rythme de 50 à 100 comas par an » sur Paris, a expliqué le préfet, Michel Delpuech. « C’est une évolution inquiétante, il y a deux ou trois ans, c’était 10 ».

Un patron de discothèque interrogé par le journal Le Monde décrit l’ampleur du phénomène : « Tous les soirs, on doit gérer des accidents liés à cette drogue ; souvent, ce sont des jeunes de 18 à 23 ans, pas plus. Ils prennent ça sans se renseigner et mettent leur vie en danger, celle de leurs amis et entraînent la responsabilité du club ».

Une table ronde a été organisée le 16 avril 2018

Les autorités sanitaires, les patrons d’établissement parisiens et la Mairie de Paris se sont réunis ce lundi à la préfecture pour trouver des solutions et endiguer le problème.

Jusqu’à présent, une des mesures privilégiées par les autorités était d’opter pour la fermeture administrative des établissements de nuit dans lesquels surviennent des accidents. Selon les associations et les patrons de clubs, cela ne règle pas le problème car il est très facile de se procurer du GBL sur internet, en quelques clics et pour une somme dérisoire.

Afin de remédier à ce problème d’accès trop facile à cette drogue, le préfet de Paris s’est engagé lundi à explorer les pistes légales pour « limiter la vente de ces produits ou leur accès facile, notamment par Internet ».


Le Collectif Action Nuit (CAN) réclame des actions de prévention

Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Intérieur et à la ministre de la Santé, le collectif CAN, qui regroupent notamment des représentants des professionnels de la nuit, alerte les autorités sur les accidents récents et de plus en plus fréquents liés à la consommation de GHB/GBL et en condamne l’usage.

« Nous demandons aux pouvoirs publics de l’aide face à une situation que nous ne pouvons gérer seuls », écrit le CAN.

L’association souhaiterait « disposer de moyens légaux dissuasifs plus efficaces » tels que « des campagnes d’information grand public lors de la circulation avérée de produits toxiques dans une ville, un département, une région », « la fouille des clients par des agents de sécurité agréés par le ministère de l’Intérieur », « un moyen d’analyse des produits pour prévenir en cas de toxicité mortelle », et un « guichet unique de l’administration pour traiter le signalement des cas constatés ».

La prévention reste le moyen d’action plébiscité par les associations, comme pour Techno + qui distribue des flyers d’information dans les boites de nuit, ou Kiosque, « qui a développé des outils de réduction des risques liés au GHB/GBL, notamment des pipettes qui permettent de doser très précisément les quantités utilisées pour éviter les surdoses ».

Le message le plus élémentaire à faire passer est de ne jamais mélanger GBL et alcool, car combinés, ils peuvent être mortels.