Grève des éboueurs à Paris : 5 questions pour tout comprendre

La capitale prend des allures de décharge à ciel ouvert depuis le début de la grève des éboueurs. Les déchets non collectés se multiplient dans les rues, au grand dam des Franciliens comme des touristes. Alors que les réseaux sociaux sont inondés d’images de poubelles ensevelies sous des tonnes d’ordures, de nombreuses questions se posent sur cette mobilisation, sa durée et ses conséquences. On vous en dit plus.

Pourquoi les éboueurs sont-ils en grève à Paris ?

Depuis le 7 mars, les éboueurs ont entamé une grève reconductible à Paris protester contre la réforme des retraites. Le projet, qui passe aujourd’hui en commission mixte paritaire, entraînerait le recul de l’âge de départ pour l’ensemble des agents. Les éboueurs qui pouvaient profiter d’un départ anticipé à 57 ans, en raison des conditions de travail difficiles, devront alors patienter jusqu’à 59 ans.

Par ailleurs, la durée de cotisation pour partir à taux plein passerait à 43 annuités, reculant encore davantage l’âge légal pour nombre de travailleurs. « Il y a très peu d’éboueurs qui arrivent en bonne santé à la retraite. On meurt plus tôt que la moyenne et là on veut nous supprimer deux ans de retraite », déplorait le secrétaire général de la CGT-Services publiques, François Livartowski, sur Europe 1 lundi 13 mars.

Quelles conséquences sur la collecte des déchets ?

La grève des éboueurs ne passe pas inaperçue à Paris. Avec près de 5 400 tonnes de déchets qui n’ont pas été ramassés ce lundi, la capitale croule sous les ordures. Les poubelles débordent occasionnant d’importants désagréments pour les habitants, qui ne parviennent parfois plus à circuler librement dans leur quartier. Entre saleté et nuisances olfactives, l’agacement commence à se faire ressentir.

À noter que tous les arrondissements ne sont pas logés à la même ancienne. Si l’absence des éboueurs est notable dans certains quartiers, d’autres semblent épargnés. Il faut savoir que la collecte des déchets à Paris est gérée par les services municipaux et par des sociétés privées qui se partagent les arrondissements. Et alors que 60 % des éboueurs municipaux étaient en grève ce lundi selon la CGT, la mobilisation est nettement moins suivie du côté des entreprises privées. En conséquence, la collecte se poursuit quasi normalement dans certaines zones, tandis que d’autres sont laissées à l’abandon.

Le ramassage des déchets n’est pas le seul maillon de la chaîne de tri impacté par la grève, puisque trois incinérateurs sont à l’arrêt : celui d'Ivry-sur-Seine, d'Issy-les-Moulineaux et de Saint-Ouen.

Paris est-elle la seule ville touchée ?

Paris n’est pas la seule ville de France touchée par une grève des éboueurs. D’autres municipalités s’inquiètent de voir les déchets s’amonceler sur les trottoirs. C’est notamment le cas à Nantes où près de 3,5 tonnes d’ordures n’ont pas été collectées depuis le 7 mars, mais aussi à Saint-Brieuc ou encore à Rennes. Dans cette dernière, les agents mènent une politique « zéro déchet collecté » depuis ce lundi.

En revanche après plusieurs jours de blocage des centres de traitement, un retour au calme est constaté dans plusieurs autres villes, dont Montpellier, Marseille et Metz. Le ramassage a progressivement repris, déblayant ainsi les rues.

Les éboueurs peuvent-ils être réquisitionnés ?

Afin d’évacuer les tonnes de déchets jonchant les trottoirs, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé au préfet de police de Paris de « réquisitionner » des moyens. Celui-ci pourra alors mettre en demeure la Mairie de Paris, qui s’est rangée du côté du mouvement, de prendre des mesures. En l’absence de réponse positive, l’État interviendra en faisant appel à une entreprise privée ou en réquisitionnant des agents.

Combien de temps durera la grève des éboueurs ?

À Paris, la grève des éboueurs n’est pas près de s’arrêter. Les agents de propreté de la ville ont en effet annoncé la poursuite du mouvement ce mardi 14 mars. « Nous avons voté la reconduction de la grève au moins jusqu'au 20 mars », a précisé Julien Lejeune, délégué CGT et agent de maîtrise assainissement à la Mairie de Paris.