Grève : pourquoi votre médecin risque de fermer son cabinet début décembre ?

Il y a de fortes chances que le cabinet de votre médecin traitant soit fermé ce jeudi 1er et vendredi 2 décembre 2022. En effet, le collectif Médecins pour demain appelle à une grève nationale. Et le mouvement risque d’être fortement suivi, jusqu’à 90 % par secteur, selon la FMF (Fédération des médecins de France).

Les médecins en grève réclament une revalorisation des consultations

La raison de cette grève des médecins traitants est multiple. En premier lieu, ils réclament la revalorisation des consultations à 50 €. Le but est notamment de se « libérer des rémunérations sur objectifs de santé publique et forfait structure » qui peuvent être « parfois absurdes », « contraignants », « non déontologiques », « invérifiables », mais aussi de rattraper la moyenne européenne qui est de « 46 € », précise Médecins pour demain.

Avec ce doublement du prix des consultations, celle-ci étant fixée à 25 € actuellement chez les médecins conventionnés de secteur 1, « nous pourrons mieux soigner nos patients », indique ce mouvement. Selon lui, cela permettra notamment d’embaucher du personnel, comme « un secrétaire » pour prendre les rendez-vous, scanner les courriers et les comptes rendus d’examens, et « un assistant médical » pour préparer les vaccins, prendre les constantes ou encore pour réaliser des actes techniques.

Le collectif rappelle qu’en France, il y a en moyenne 0,2 ETP (équivalent temps plein) par praticien. À titre de comparaison, les médecins allemands sont plus aidés par des secrétaires ou des assistants médicaux, car c’est en moyenne 2,5 ETP par praticien. Enfin, cette augmentation tarifaire devrait attirer les jeunes médecins. « On perd 40 % de la profession au profit d’autres activités », répète-t-il.

Quelles sont les autres revendications ?

Parmi les autres revendications de ce collectif figurent la lutte contre les rendez-vous non honorés. Car tous les ans, 28 millions de consultations ne seraient pas respectées, impactant médecins traitants et patients. Le mouvement souhaite donc une mesure visant à les sanctionner.

De plus, Médecins pour demain veut « arrêter les certificats inutiles », donner aux patients des jours maladies afin qu’ils ne consultent pas « juste pour le papier arrêt » et lancer une « campagne de sensibilisation » pour savoir à quel moment un patient doit « consulter son médecin en cas de pathologie bénigne ».

Il réclame également une « réflexion territoriale » pour répondre aux déserts médicaux et s’oppose à la quatrième année d’internat dans ces déserts qui pourrait être instaurée par le projet de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023. Par ailleurs, ce mouvement apolitique et asyndical conteste aussi la proposition du CLIO (Comité de liaison des institutions ordinales) sur la réorganisation du parcours de soins. Cela va reléguer « le médecin à un rôle de coordinateur responsable d’une équipe de soins primaires », précise le collectif.

Vers une grève illimitée ?

En pleine négociation avec la CNAM (Caisse nationale de l’assurance maladie) sur la convention sécu 2023, cette grève du jeudi 1er et vendredi 2 décembre est « un premier coup de semonce », annonce Médecins pour demain. Et si c’est nécessaire, le collectif appelle à « une grève nationale dure » du lundi 26 décembre au dimanche 8 janvier 2023, voire à une « grève illimitée s’il le faut ». « Nous ne lâcherons rien. Il en va de notre dignité à tous », écrit-il.

Notons que les médecins ne seront pas les seuls à se mettre en grève. Les syndicats des laboratoires de biologie médicale ont également appelé à une grève à compter du 1er décembre. Ce sera donc leur deuxième mobilisation après celle de la mi-novembre.

Que faire si votre médecin participe à cette mobilisation ?

Si votre médecin traitant est en grève, vous pouvez contacter la plateforme SOS Médecins afin de consulter un professionnel de santé. En cas d'urgence, il faudra composer le 15 pour parler à un médecin de permanence. Celui-ci vous dira si votre état de santé nécessite une visite à domicile ou dans le sens inverse, un transport en urgence. De même, ne vous rendez pas aux urgences avant d'avoir appelé le 15 car ces services sont souvent débordés.