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La fonte du permafrost est une menace pour la lutte contre le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique a entrainé la fonte des glaces et notamment la fonte du permafrost : ce sol gelé qui recouvre 25 % des terres de l'hémisphère nord. Une fonte qui engendre une forte émission de gaz à effet de serre et qui menace notre écosystème.
Sommaire

Une étude vient de mettre en évidence un résultat inquiétant quant à la fonte du permafrost. Sol constamment gelé, le permafrost contient une très forte quantité de CO2, des grandes réserves de mercure ainsi que des virus emprisonnés depuis des dizaines de milliers d’années. Un point sur la situation.

La fonte du permafrost est une menace pour la lutte contre le réchauffement climatique

Qu’est-ce que le permafrost ?

Le permafrost ou pergélisol en français est un sol cryosol (gelé) dont la température est toujours inférieure à 0°, et ce plus de deux ans d’affilés.

Présent sur plus de 25 % des terres de l'hémisphère nord, le permafrost est recouvert par une « zone active », une couche de terre gelée qui dégèle durant l’été et qui permet à la végétation de s’y développer.

Il est présent au Groenland, au Canada, en Alaska et en Russie. Il couvre la quasi-totalité des sols au-dessus de 60 degrés de latitude.

Le réchauffement climatique entraine aujourd’hui, un épisode de fonte des cryosols. Libérant, à son tour, des gaz à effet de serre piégés dans le permafrost depuis des milliers d’années.

Les trois menaces de la fonte du permafrost

Émanation des gaz à effet de serre

La fonte du permafrost est en corrélation avec l’émission de gaz à effet de serre. En effet, les déchets organiques présents dans la glace deviennent accessibles aux microbes. En contribuant à la destruction des déchets organiques, les microbes rejettent du CO2 et du méthane.

Le méthane et le CO2 emprisonnés dans le pergélisol correspondent à 15 années d’émissions de gaz à effet de serre que produisent les humains. Le dégel du permafrost entrainera l’émanation de plus de 1,5 milliard de tonnes de gaz à effet de serre dans notre air, et ce, chaque année pendant les 100 prochaines années.

Il s’agit d’un cercle vicieux puisque, plus la surface de la Terre se réchauffe, plus le pergélisol fond, plus il émet de gaz à effet de serre : une situation inextricable. Par ailleurs, les scientifiques appellent ce phénomène : la boucle rétroactive.


Du mercure relâché dans l’atmosphère

La quantité de mercure potentiellement relâchée dans l’atmosphère reste inconnue. Néanmoins, il est certain que le pergélisol est en partie constitué de mercure, il en contiendrait 1,5 million de tonnes, ce qui représente 2/3 de la totalité de mercure présent sur l’ensemble de la planète. Le mercure étant un composant très néfaste, voire mortel pour les Hommes.

Des virus libérés

En 2016, la population locale de Sibérie avait constaté la mort de centaines de rennes pour des raisons inexpliquées. Une vingtaine de personnes avaient également contracté une maladie.

En réalité, tous étaient victimes d’une bactérie dangereuse survivant au gel : le bacille du charbon. Un virus qui avait pourtant disparu dans les années 1940. Ce virus préservé dans de vieux cadavres de rennes a été libéré suite à la fonte des sols gelés et transmis aux espèces vivantes.

Des scientifiques ont également remarqué que la fonte des cryosols avait libéré une multitude de virus piégé dans les sols depuis des dizaines de milliers d’années. Dans ces virus, nous pouvons retrouver le Mollivirus, le Megavirus, Pandoravirus ainsi que le Pithovirus. Des virus qui ne représentent pas de danger pour l’homme. Toutefois, la fonte de permafrost pourrait engendrer la libération d’autres virus encore méconnus. Des virus dont on ne connait pas les effets sur l’homme.

Le permafrost se trouve dans des régions très peu habitées par les Hommes. Mais cela pourrait changer, car ces vastes territoires seraient remplis de gaz, de minerais et de pétrole. Une aubaine pour les entreprises de s’y implanter pour exploiter ces ressources. Une exploitation dangereuse qui pourrait mener à la libération de virus.

S’ajoute à ces 3 grands risques majeurs, des éboulements importants causés par la fonte du pergélisol, redessinant ainsi les littoraux et détruisant les habitations bâties sur ces mêmes sols.

Du fil à retordre pour la lutte contre le réchauffement climatique

Selon une étude publiée lundi 17 septembre, la fonte du permafrost pourrait donner du fil à retordre aux mesures mises en place pour limiter le réchauffement climatique de notre planète.

En 2015, un accord stipulait vouloir maitriser le réchauffement sans dépasser la barre des 2 °C à 1,5 °C. Les États s’étaient alors engagés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Cette étude démontre que l’objectif des 2 °C et des 1,5 °C serait déjà hors de notre portée. « Nous devons nous préparer à l’éventualité que nous ne puissions peut-être jamais revenir à des niveaux plus surs concernant le réchauffement », déclare Thomas Gasser, chercheur à l’IIASA.

Monsieur Gasser et ses confrères affirment que les émissions de gaz à effet de serre peuvent être diminuées, mais que cela n’empêchera pas la fonte du permafrost. « Il existe le danger que, plus nous allions de l’avant, plus nous risquions de déclencher des phénomènes que nous ne comprenons pas », signale également Thomas Gasser.