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Prévention contre l'alcoolisme : les viticulteurs se félicitent de la position de l'Élysée

Le vin est une véritable institution en France. Toutefois, les associations de lutte contre l’alcoolisme s’inquiètent de ce statut « à part ». D’autant plus lorsque le président de la République prend position en faveur de la filière viticole.
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Le fait qu’un verre de vin rouge par jour est bon pour la santé est une idée largement répandue en France. Dans un pays où le vin est intimement lié à la gastronomie et la culture, les associations de prévention contre l’alcoolisme se heurtent au puissant lobby des producteurs de vin et l’État ne sait parfois plus sur quel pied danser. Les pouvoirs publics doivent-ils promouvoir la modération ou l’abstinence ? Le point sur le débat actuel.

Prévention contre l’alcoolisme : les viticulteurs se félicitent de la position de l’Élysée


Les producteurs de vin se félicitent de la position de l’Élysée

Le CNIV (Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et indication géographique) et le Conseil spécialisé vins de FranceAgriMer ont récemment exprimé leur satisfaction après avoir reçu un courrier officiel du président Macron qui indiquait que « l’objectif est de lutter contre les consommations excessives et à risque, ce qui nécessite d’investir en amont dans la prévention ».

Les professionnels de la filière sont ravis d’avoir obtenu gain de cause, et même au-delà. Selon l’un de leurs porte-paroles, le « courrier du président de la République aurait répondu à leurs attentes ».

Les producteurs de vin estiment que la tradition culinaire française et l’importance économique et culturelle du vin doivent le distinguer des autres alcools.

Emmanuel Macron a déclaré sur le sujet : « la filière vinicole représente l’âme de la France. Elle porte en elle une forme d’excellence. Nous devons conforter ce statut et transmettre cet héritage aux générations futures ».

L’ANPAA ne comprend pas cette position, qu’elle estime contraire aux campagnes de prévention

L’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) s’inquiète de cette victoire des viticulteurs et de la position adoptée par le président Macron.

L’association a affirmé craindre « la reconnaissance des acteurs du vin comme des acteurs de prévention et donc un acteur légitime auprès du ministère de la Santé ».

Elle montre du doigt la contradiction existante dans « la Stratégie nationale de santé 2018-2022 qui inclut l’alcool, et non le vin pris isolément, dans les substances psychoactives licites ou illicites au même titre que le tabac ».

L’objectif de l’ANAPAA n’est pas l’abstinence mais d’informer les consommateurs sur les méfaits de l’alcool.

Les études actuelles sur les effets du vin sur la santé

Les études menées jusqu’à présent ne prouvent pas réellement ni les bienfaits du vin ni ses méfaits (dans le cas où il est consommé avec modération). Pour obtenir des résultats précis, il faudrait demander à des groupes de personnes tests de consommer par exemple 2 verres de vin par jour pendant 10 ans pour observer les effets sur la santé à moyen et long terme... Mais cela est bien évidemment contraire à l’éthique, compte tenu du risque d’alcoolisme et d’addiction.

Il est par contre prouvé que l’abus d’alcool augmente le taux de mortalité, favorise l’obésité, la cirrhose, la pancréatite et un certain nombre de cancers (gastro-intestinal, du foie, colorectal...).

C’est pourquoi il parait dangereux d’insister sur les bienfaits du vin qui sont, de toute évidence, bien moindre comparés à ceux d’une alimentation saine et variée, et de la pratique d’une activité physique régulière.