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Reprise de l'emploi mais stagnation des salaires dans les pays de l'OCDE

Selon les Perspectives d’emploi 2018 qui viennent d’être publiées par l’OCDE, l’organisation observe une baisse du chômage, mais une stagnation sans précédent des salaires pour les emplois les moins qualifiés dans la majorité de ses 35 pays membres.
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L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) vient de présenter ses Perspectives de l’emploi 2018. Elles indiquent clairement une reprise de l’emploi dans les principaux pays développés, mais les salaires stagnent, notamment les plus bas, alimentant le mécontentement des populations les moins aisées. Un point sur la situation.

Reprise de l’emploi mais stagnation des salaires dans les pays de l’OCDE


Des chiffres encourageants

L’OCDE a analysé les écarts de salaires femmes-hommes et, bonne nouvelle, ils se sont « considérablement réduits ». Mais le revenu du travail moyen annuel des femmes reste inférieur de 39 % par rapport à celui des hommes (chiffres de 2015).

Dans son rapport d’autres chiffres sont plutôt encourageants. À savoir que, les travailleurs sont à présent plus nombreux qu’avant la crise dans tous les pays membres de l’organisation. Le taux de chômage a globalement baissé redescendant à son niveau de 2008, parfois en deçà tandis que le taux d’emploi est quant à lui plus élevé qu’il y a dix ans : il est passé de 60,8 % en 2007 à 61,7 % en moyenne fin 2017.

Le problème étant qu’en parallèle, les salaires n’augmentent pas et les emplois faiblement rémunérés augmentent.

Les inégalités augmentent

« Il y a une reprise de l’emploi partout, le problème c’est que les salaires ne répondent pas », a expliqué mercredi José Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE.

L’organisation explique aussi que « la stagnation des salaires touche beaucoup plus les travailleurs faiblement rémunérés que ceux qui se situent au sommet de l’échelle des salaires » et que c’est un facteur « inquiétant ».

En outre, les salaires des personnes aux revenus les plus élevés sont en hausse. « Ces dernières années, les revenus du travail réels des 1 % les mieux rémunérés ont augmenté beaucoup plus rapidement que ceux des travailleurs à temps plein médian, accentuant une tendance déjà bien installée » ajoute M. Gurria.

« La tendance au redressement de l’emploi sans progression parallèle des salaires met en évidence non seulement les changements structurels à l’œuvre dans nos économies, que la crise financière a accentués et accélérés, mais aussi l’impérieuse nécessité pour les pays de soutenir les travailleurs, et plus particulièrement les moins qualifiés ».

Mais comment s’explique cette stagnation des bas salaires ? Pour l’OCDE, les principales raisons seraient : « un faible niveau de l’inflation », le « ralentissement marqué de la productivité » et un « accroissement des emplois à bas salaire ».

« Si les pays ne parviennent pas à rompre avec cette tendance, la confiance du public à l’égard de la reprise économique sera compromise », prédit l’OCDE.

Qu’en est-il de la situation en France ?

En France aussi une baisse du taux de chômage a été constatée et l’organisation estime que la France se situe « à mi-parcours » de sa reprise économique. Comme dans les autres pays membres, les salaires augmentent peu ou pas.

Les points forts de notre pays sont « la qualité de l’emploi » et « l’inclusivité du marché du travail » ou la France est au-dessus de la moyenne, mais le taux d’emploi — qui correspond au taux d’utilisation des ressources de main d’œuvre disponibles — est lui, bien inférieur à la moyenne des autres pays.

Autre point faible signalé par l’OCDE, en France, on peut observer « un écart de taux d’emploi des groupes défavorisés relativement élevé (…), notamment pour les jeunes ».


Les préconisations de l’OCDE

Pour l’organisation, une des solutions serait de mettre en place « des mesures ciblées et une coopération plus étroite avec les partenaires sociaux (…) pour aider les travailleurs à s’adapter à la mutation rapide du monde du travail et à en tirer profit, et pour faire en sorte que la croissance profite à tous ».

Une autre idée serait de mettre l’accent sur « des systèmes d’enseignement et de formation de qualité, afin d’offrir des possibilités de formation tout au long de la vie. Les données montrent en effet que les travailleurs peu qualifiés ont trois fois moins de chances que leurs homologues hautement qualifiés de bénéficier d’une formation », peut-on lire dans le rapport.