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Le « forfait de réorientation » des patients sera expérimenté pour désengorger les urgences

Un arrêté paru le 3 janvier dernier propose de mettre en place le « forfait de réorientation » au sein des urgences hospitalières. Cette expérimentation va s’étendre sur deux ans dans une trentaine de centres hospitaliers. Il s’agit d’une initiative prise par le gouvernement afin de désengorger les urgences. Explications.

Les urgences hospitalières pourront désormais rediriger un patient vers un médecin ou un spécialiste dans le cadre du « forfait de réorientation », si le cas de celui-ci est jugé « inadéquat » ou non urgent. Voici de quoi il en retourne.

Désengorger les urgences et redorer le blason de la médecine de ville

Les passages aux urgences ont doublé en l’espace de 20 ans. Ces services sont trop sollicités et cette surcharge de travail ne permet pas au personnel d’exercer leur profession dans de bonnes conditions. De plus, le temps d’attente reste très élevé pour les patients, une situation propice aux épidémies et à la prolifération de divers microbes. Une grève nationale inédite démarrée en mars dernier par les services d’urgences est toujours en cours. Afin de trouver une solution, le gouvernement a annoncé en septembre dernier un « pacte de refondation des urgences ».

Le budget de la Sécurité sociale pour 2019 prévoyait d’agir efficacement et de proposer une solution pour soulager les services d’urgences dans les hôpitaux. C’est ainsi que depuis le vendredi 3 janvier 2020, un décret publié au Journal officiel donne la possibilité aux services des urgences des hôpitaux de réorienter les patients non urgents ou dont la pathologie ne relève pas d’une prise en charge immédiate, vers un professionnel de santé libéral, et ce, en contrepartie d’une enveloppe financière.

En désengorgeant les urgences, cela permettra aux Français de suivre le cursus santé « normal », consistant à consulter leur médecin de ville. Un processus encourageant un accès aux soins simplifié et plus rapide.

Un essai sur 2 ans

Le « forfait de réorientation » sera expérimenté sur deux ans, à partir de la prise en charge du premier patient, selon les écrits du ministre de l’Action et des Comptes publics, et de la ministre de Santé.

Une trentaine de services d’urgences sur le territoire seront concernés par cette expérimentation qui ne démarrera pas avant le 1er avril 2020.

Selon l’annexe jointe à l’arrêté, entre un quart et un tiers des patients qui se présentent aux urgences pourrait « sans perte de chance, être pris en charge par des praticiens de ville ». La volonté du gouvernement serait de réorienter entre 5 et 10 % des patients vers la médecine de ville.

Le coût du forfait de réorientation s’élève à 11,6 millions d’euros pour les deux ans d’expérimentation. Il s’agit d’un surcoût de près de 4 millions d’euros par rapport à une prise en charge des patients aux urgences.

Comment cela va-t-il fonctionner ?

Tout patient se présentant aux urgences pour une pathologie jugée non prioritaire ou pour laquelle un médecin de ville peut aussi bien garantir un soin sera alors réorienté vers ce dernier. Le patient peut cependant refuser cette réorientation.

Les professionnels de santé libéraux et hospitaliers devront travailler ensemble, afin de garantir au patient un rendez-vous « compatible avec son état de santé ». Le but serait qu’à terme, 70 % des consultations réorientées soient réellement honorées.

Pour chaque acte de réorientation, les services des urgences seront rémunérés à hauteur d’un forfait de 60 €. Ce forfait « se substituera pour chaque patient concerné à tous les autres éléments de rémunération de l’hôpital ». Cela ne devrait pas avoir d’impact sur le niveau des ressources global des urgences.

Par ailleurs, le patient n’aura pas à payer le « reste à charge ». Puis dans le cadre d’une réorientation, les médecins de ville n’auront pas le droit de facturer une majoration d’urgence en plus de la consultation.