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Sensibiliser les « smombies » aux accidents de la route

Une enquête démontre que les smartphones transforment certains piétons en « smombies ». Totalement obnubilés par leur écran de téléphone et isolés dans leur bulle numérique, ils traversent la rue sans faire attention et sont parfois victimes d’accidents graves, voire mortels. Éclaircissements.

Un nouveau genre de piétons commence à envahir la voie publique. Ils se déplacent lentement, ont la tête basse, les yeux rivés sur leur écran de smartphone, portent éventuellement un casque audio sur les oreilles et restent totalement imperturbables. Il s’agit des « smombies », contraction des mots « smartphone » et « zombies ». S’ils ne représentent qu’une gêne pour les autres piétons qui se font parfois bousculer, ces « smombies » déambulent sans prendre en compte leur environnement et peuvent traverser la chaussée sans regarder et être victime d’un accident. Par conséquent, les automobilistes doivent être de plus en plus vigilants lorsqu’ils circulent en ville pour éviter de renverser ces « morts-vivants assoiffés de smartphone ». Faisons un point sur ce nouveau fléau numérique.

Une nouvelle enquête alerte sur ce danger de plus en plus préoccupant

Les 10 et 11 avril 2019, le constructeur automobile américain Ford et l’institut YouGov ont décidé de mener une enquête auprès de 1 003 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus. L’objectif était de connaître les habitudes des piétons et la manière dont ils faisaient usage de leur téléphone portable.

Les résultats démontrent que 65 % des piétons déclarent consulter leur smartphone ou poursuivre leur conversation téléphonique, portable à la main ou en kit mains libres, lorsqu’ils marchent sur le trottoir ou traversent un passage clouté.

Dans la précédente enquête de Ford réalisée en 2015, ces piétons accrocs du téléphone n’étaient que de 50 %. En revanche, chez les plus jeunes, à savoir les 18 – 24 ans et les 25 – 34 ans, ce pourcentage atteint des sommets et s’élève à 91 %.

Selon les chiffres de l’ONISR (Observatoire national interministériel de sécurité routière), en 2018, 475 piétons ont été tués dans un accident en France métropolitaine et plus de 10 000 blessés ont été recensés. Bien entendu, il est impossible de connaître avec précision le nombre exact de victimes qui ont été renversées à cause de leur smartphone, car l’organisme ne précise pas les raisons de ces accidents. Néanmoins, ces chiffres révèlent que les 3 catégories de piétons les plus touchés par les accidents sont les enfants de moins de 13 ans, les adolescents de 14 à 17 ans et les personnes âgées de plus de 75 ans. D’ailleurs, l’ONISR précise que « dans les trois quarts des cas, l’accident survient à moins de 500 m du collège et dans un environnement emprunté chaque jour par la victime ».

On mesure réellement l’ampleur du phénomène des « smombies » dans les services d’urgences des hôpitaux. En effet, le médecin urgentiste, Gérald Kierzek, explique que « l’accidentologie de ces smombies s’intègre à celle des nouveaux modes de déplacements en ville avec les trottinettes électriques ou encore les mono-roues et leur cohabitation difficile avec les piétons, voitures et autres deux-roues ». Il précise également que, dorénavant, les services hospitaliers d’urgence traitent quotidiennement des blessés liés directement à ce type d’accident.

Les mesures prises à l’étranger pour prévenir les accidents dus aux « smombies »

Ces « zombies du téléphone » sévissent partout dans le monde. C’est la raison pour laquelle certains pays ont décidé de prendre plusieurs initiatives afin de sensibiliser les piétons aux dangers de leur inattention.

Récemment, la ville de Tel-Aviv en Israël a équipé l’un de ses carrefours avec des bandes lumineuses à LED pour prévenir depuis le sol les « smombies » qui s’apprêtent à traverser un passage clouté. Ces avertisseurs fonctionnent exactement comme des feux de signalisation.

Cette technique innovante et ingénieuse existe déjà sur un carrefour d’Ulsan, une ville de banlieue au nord de Séoul, la capitale de la Corée du Sud, depuis 2017. Cette année-là, 94 % de la population sud-coréenne était en possession d’un téléphone portable et 1 600 piétons sont décédés dans des accidents de la route. Pour limiter le nombre de victimes, des concepteurs sud-coréens ont créé un système d’alerte pour avertir les « smombies ». Kim Jong-Hoon, chercheur à l’Institut de Génie civil et Technologie du Bâtiment (KICT), qui a participé à l’élaboration du système d’alerte, a tenu à expliquer son mode de fonctionnement : « Après qu’un capteur radar et une caméra thermique ont détecté un véhicule et un piéton, les feux de la route commencent à clignoter et l’application du smartphone envoie un message d’avertissement pour prévenir les accidents de smombie ». Ce système de LED et de faisceaux laser coûte plus de 11 000 € d’investissement.

D’autres pays ont adopté une approche totalement différente et choisi la manière forte. En Italie, et plus précisément dans la commune de Sassari en Sardaigne, les policiers municipaux ont le droit depuis octobre 2018, d’infliger une amende à tous les piétons qui traversent la rue sans lever la tête de leur téléphone. Celle-ci s’élève à 22 €.

Même scénario à Honolulu, à Hawaï, depuis octobre 2017. L’amende s’élève à 15 $ (soit 13 €) et augmente considérablement en cas de récidive, le montant peut atteindre 500 $ (444 €) la troisième fois. Seuls les appels aux services d’urgences sont tolérés.

La police nationale a lancé une vidéo de prévention

La police nationale de Tours a, quant à elle, préféré opter pour la prévention plutôt que la sanction. C’est la raison pour laquelle la préfecture d’Indre-et-Loire a lancé en 2017 une campagne de prévention routière sur les risques encourus par les jeunes (piétons et cyclistes) qui utilisent leur téléphone portable en agglomération, via notamment une vidéo-choc de 30 secondes. Destiné aux adolescents et autres « smombies », ce clip très percutant s’intitule « Soit prudent, lâche ton écran ! ».

À long terme, prévenir et sensibiliser les piétons restent les meilleurs moyens pour limiter ces accidents de la route qui malheureusement ne cessent d’augmenter. Les « smombies » doivent impérativement apprendre à laisser, de temps en temps, leur téléphone portable et surtout rester vigilants lorsqu’ils marchent dans la rue ou traversent la chaussée.



La nomophobie serait-elle le mal du siècle ?

La nomophobie est la peur d’être privé de son téléphone portable ou smartphone. Apparu en 2008, ce terme a été créé à partir de l’expression « no mobile phone phoby ». Au-delà d’être un phénomène de mode, ne plus pouvoir se passer de son portable est devenu une véritable pathologie. Cette addiction concerne principalement les jeunes adultes âgés de 18 – 25 ans.

De plus en plus de personnes angoissent à l’idée d’être séparées de leur smartphone pendant quelques heures, d’être déconnectées de leurs proches ou des réseaux sociaux, de ne pas pouvoir lire ses emails, etc. Ils sont devenus complètement accrocs et dépendants de leurs appareils électroniques, au même titre que l’alcool et les drogues pour d’autres.

Ce phénomène prend une telle ampleur que le Cambridge Dictionary a élu « la nomophobie » comme étant « le mot de l’année » en 2018.