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Huile de palme : la recherche de solutions durables

L’organisme RSPO (Round table on Sustainable Palm Oil) tente d’apporter des solutions durables et éthiques à la production et à la vente de l’huile de palme en certifiant des produits qui répondent, entre autres, à certaines normes en matière de transparence, de préservation de la biodiversité et de respect des travailleurs. Leur table ronde annuelle européenne a eu lieu ce mardi 26 juin à Paris. Quels en étaient les enjeux ?

Le Round table on Sustainable Palm Oil (RSPO), organisme de certification de l’huile de palme au niveau mondial, vient d’organiser une table ronde, ce mardi 26 juin à Paris, où se sont rencontrés producteurs, consommateurs, négociants, industriels de l’agroalimentaire et ONG pour essayer de trouver des solutions au problème écologique et humain de la culture et du commerce de l’huile de palme.

Qu’est-ce que le RSPO ?

La moitié des produits transformés vendus en supermarché contiennent de l’huile de palme. C’est la plus consommée et la plus vendue au monde.

Lorsque l’huile de palme est cultivée et produite de façon non durable, elle a des conséquences dévastatrices sur l’environnement (déforestation), sur les populations locales qui sont parfois chassées de leurs terres afin d’y installer des plantations de palmiers à huile, et sur les travailleurs qui ne sont pas toujours traités décemment par les gros industriels du secteur.

Le RSPO a été créé en réponse à ce désastre écologique et humain. L’organisation a mis en place un cahier des charges qui, s’il est respecté, donne accès à une certification prouvant que l’huile a été cultivée, produite et vendue de façon éthique et durable.

En théorie, le RSPO garantit la transparence de la chaine d’approvisionnement, le respect des lois et règles, un engagement financier et économique sur du long-terme auprès des producteurs locaux, des pratiques respectueuses de l’environnement pour la culture des palmiers à huile, la préservation de la biodiversité et le respect des employés en leur assurant des conditions de travail et un salaire décents.

Une certification souvent critiquée par les ONG

L’organisation Round table on Sustainable Palm Oil compte aujourd’hui 3 872 membres dans le monde entier et a certifié 12,2 millions de tonnes d’huile de palme en 2017, soit 19 % de la production mondiale.

Malgré cela, l’organisation est souvent critiquée par les ONG de protection de l’environnement, accusée de n’avoir aucun résultat tangible en matière de réduction de la déforestation en Malaisie, en Indonésie ou sur l’île de Bornéo, qui sont les principaux pays producteurs d’huile de palme et où la biodiversité est la plus menacée.

Le RSPO a prévu de créer RSPO NEXT, une nouvelle certification dont « les nouveaux critères » seront plus stricts. Stefano Savi, directeur des relations extérieures du RSPO, a indiqué que ces nouvelles normes « seront finalisées et approuvées » autour du 15 novembre 2018, lors de la tenue de l’assemblée générale à Bornéo.

Quels enjeux pour la réunion parisienne ?

« La plupart du temps, le débat en France se focalise autour de l’interdiction de l’huile de palme, ou une demande de substitution. Mais se laver les mains d’un problème ne signifie pas trouver une solution » a expliqué M. Savi.

« S’il n’y a pas d’huile de palme durable, il y aura quelque chose de pire que l’huile de palme », prévient-il, car, au vu de la demande, elle serait vite remplacée par « d’autres huiles végétales » qui nécessiteraient « quatre à cinq fois plus de surfaces que le palmier à huile » pour un rendement égal.

Concrètement, « si on supprime un hectare de plantation d’huile de palme à Bornéo, il faudra 4 ou 5 hectares de soja en Amazonie pour [le] remplacer ». « Nous devrions cesser de penser qu’en fermant les yeux sur un problème nous allons le résoudre », ajoute-t-il, car « nous sommes tous liés à la déforestation » en raison des produits que nous choisissons de consommer.

« Il est important de ne pas regarder les matières premières agricoles comme bonnes ou mauvaises, il vaut mieux regarder les pratiques », conseille-t-il.

RSPO prône la collaboration pour la recherche de solutions durables

Lors de son intervention à la conférence de Paris, le directeur général de RSPO, Datuk Darrel Webber a lui aussi souligné cet aspect : « La clé c’est de s’assurer que les produits contenant de l’huile de palme sont produits de façon durable. Nous constatons que l’amélioration des normes seule, ce n’est pas suffisant — c’est uniquement par un effort concerté et ciblé que nous pourrons répondre à la demande d’huile de palme certifiée durable et encourager un changement dans les méthodes de production ».

Christiana Figueres, l’ancienne secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en a appelé à la collaboration des différents acteurs, entre « importateurs et producteurs », entre « européens et non européens » et à une collaboration étendue entre « secteur public et secteur privé ». « Chacun de vous à un rôle à jouer et la solution ne sera pas trouvé à moins que chacun de vous n’apporte sa propre expérience, ses propres compétences, et un engagement collectif dans le but de résoudre ce problème dans un délai convenable ».

RSPO a également profité de la réunion à Paris pour annoncer le lancement de sa plateforme interactive de partage de savoirs en ligne sustainability-college.rspo.org qui contient plusieurs petits programmes sous la forme de cours pour informer et permettre de mieux comprendre les enjeux économiques et écologiques autour du marché de l’huile de palme. Pour le moment, les cours sont en anglais avec des sous-titres disponibles en anglais, espagnol et indonésien.