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Malgré le déploiement de la fibre dans les zones rurales, la fracture numérique demeure en France

Le déploiement de la fibre sur le territoire français s’est accéléré l’an dernier, à mesure que ce segment du marché intéresse davantage les grands opérateurs. Plusieurs raisons expliquent la diffusion plus large de la fibre dans les zones rurales. Toutefois, L’UFC-Que Choisir constate que les inégalités dans l’accès à internet subsistent en France. Le point.

La place du numérique, dans la vie quotidienne des Français, ne cesse de s’étendre, mais le territoire est encore inégalement relié à l’internet haut débit et surtout à la fibre. Face à ce constat, les opérateurs et l’État ont décidé d’agir. Le président de la République Emmanuel Macron avait d’ailleurs souhaité, après son intronisation à l’Élysée, un bon débit pour tous les Français à échéance fin 2020, avec du très haut débit pour l’ensemble de la population, grâce à la fibre pour 2022.

Les réseaux d’initiative publique participent au financement des infrastructures

D’une part, les réseaux d’initiative publique (RIP) ont été créés. Ce sont des entités mises en place par les collectivités territoriales. Ces structures participent, en partie, au financement du déploiement de la fibre. Ce dispositif est le fruit d’une initiative publique forte. Le Premier ministre, en déplacement officiel dans le Gers, récemment, a dévoilé des mesures pour favoriser un désenclavement numérique.

D’autre part, les opérateurs principaux ont fini de déployer la fibre dans les espaces très denses. Orange et SFR ont étendu leur réseau dans les territoires moyennement denses, et se tournent maintenant vers les espaces les moins densément peuplés.

Les opérateurs ont pris « conscience de l’intérêt des zones RIP »

« Il y a une prise de conscience de l’intérêt des zones RIP de la part des quatre grands opérateurs », explique Victor Marçais, spécialiste des télécoms et média chez Roland Berger. « Ils n’y avaient pas été très actifs et ont du coup laissé émerger des petits opérateurs alternatifs. Mais ils ne peuvent pas passer à côté, c’est un élément majeur dans la bataille de la fibre ».

« Il y a une appétence des clients pour la fibre dans les zones moins denses qui peut être plus forte qu’en zones denses étant donné la qualité de l’ADSL, il y a donc de vrais enjeux de parts de marché, il est important pour les opérateurs de se positionner », confirme Thomas Coudry, expert télécoms pour le cabinet Bryan, Garnier and Co.

Des négociations entre RIP et opérateurs

Malgré tout, le souhait de s’investir sur les RIP n’est pas à la hauteur pour les principaux opérateurs, qui doivent franchir plusieurs stades, liée à la structure spécifique du déploiement dans les zones peu denses. « Il faut d’abord avoir une négociation globale avec les déployeurs puis négocier RIP par RIP, puis il y a la réalité technique, chacun étant différent et demandant un travail d’adaptation », précise Arthur Dreyfuss, secrétaire général d’Altice France.

Si des initiatives sont prises, le secteur connaît, tout de même, des points de crispation qui pourraient entraîner du retard sur le calendrier de déploiement dans les territoires où l’offre ADSL n’est pas toujours qualitative. Surtout, les deux dernières années des soucis d’approvisionnement en fibre ont eu lieu.

Des retards dans les zones les plus enclavées

Ces derniers temps, le personnel qualifié a commencé à manquer pour mettre en place les installations. La totalité de l’industrie a alors mis en place des formations pour faire face à la pénurie. Des retards ont été constatés par rapport au calendrier de déploiement des infrastructures dans certaines régions. Dans les zones très enclavées, le coût élevé de l’installation est un frein important.

« En 2025, une très grande partie des foyers sera fibrée, il en restera autour de 2 à 3 % à aller chercher », précise Fabienne Dulac, directrice générale d’Orange France, « on a des sujets de discussion avec les collectivités pour raccorder ou non des endroits très éloignés ». Pour l’État, déployer la fibre dans les territoires les plus enclavés pourrait coûter entre 500 millions et 700 millions d’euros.

6,8 millions de Français « privés d’un accès de qualité minimale à internet »

Au-delà du déploiement de la fibre, de nombreux Français n’ont pas un accès satisfaisant à internet. En effet, L’association UFC-Que Choisir a dévoilé récemment les résultats de son rapport indiquant que 6,8 millions de Français étaient « privés d’un accès de qualité minimale à internet » et se dit préoccupée du peu de transparence de l’État sur le dossier de la fracture numérique.

L’association de consommateurs déplore que « les données sur les débits théoriques proposés aux consommateurs dans sa maille la plus fine, à savoir la commune, ne soient plus disponibles depuis un an », compliquant son travail d’étude.

L’UFC déplore des retards dans le déploiement de la fibre

Pour UFC-Que Choisir, « 10,1 % des consommateurs ne disposent pas d’un internet de qualité minimale, quant au bon haut débit, ce sont près de 12,8 millions de personnes qui en sont privées ». L’association considère qu’un tiers des résidents des communes de moins de 1 000 personnes « ne peut pas accéder à un internet de qualité minimale ». L’UFC déplore le retard dans le déploiement de la fibre et de la différence de plus en plus marquée entre le débit des villes et des zones rurales. L’an dernier, la France se situait d’ailleurs à la 52e place du classement international des débits internet moyens.

D’après son Observatoire de la qualité de l’internet, « les communes les plus rurales subissent en moyenne des débits 43 % plus faibles que les villes de plus de 30 000 habitants », une différence qui s’étend une fois la fibre installée, les communes disposant d’un débit moyen de 284 Mbit/s quand les petites localités possèdent 50 Mbit/s.