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Des chercheurs détectent la présence de microplastiques dans l'organisme humain

Une des conséquences de l’omniprésence du plastique est que l’on finit par en ingérer. Des scientifiques ont récemment trouvé des microplastiques dans les selles de Japonais, Russes et Européens participant à une étude. Qu’en est-il ?
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La production mondiale de plastique a explosé ces 10 dernières années et s’élève désormais à 348 millions de tonnes par an, dont une partie se retrouve dans la nature. Une des conséquences de cet usage généralisé du plastique est qu’il se retrouve dans l’estomac des animaux. Et désormais, comme le montre une étude récente, dans l’organisme humain. Un point sur les résultats de ces travaux scientifiques.

Des chercheurs détectent la présence de microplastiques dans l’organisme humain

Nous mangeons du plastique sans en être conscients

Pour la première fois, des microplastiques ont été découverts dans des échantillons de selles humaines par des scientifiques. Pour les chercheurs de l’Agence Fédérale de l’Environnement et de l’Université Médicale de Vienne, cela prouve que les humains ingèrent du plastique sans s’en rendre compte.

Pour leur étude, ils ont analysé la matière fécale de 8 volontaires, âgés de 33 à 65 ans, de 8 pays différents : Royaume-Uni, Finlande, Pays-Bas, Pologne, Russie, Japon et Autriche.

« Dans notre laboratoire, il nous a été possible de détecter 9 sortes de plastique différentes dont la taille allait de 50 à 500 micromètres », a expliqué Bettina Liebmann de l’Agence Fédérale pour l’environnement.

Ils ont trouvé du plastique dans absolument tous les échantillons, détectant en moyenne 20 particules de microplastiques pour 10 grammes de matière fécale. Tous les participants consommaient de la nourriture ou des boissons vendues dans des emballages plastiques, la majorité d’entre eux consomment régulièrement du poisson et aucun n’est végétarien.

Comment peut-on absorber du plastique à notre insu ?

« Nous n’avons pas été capables d’établir un lien fiable entre les comportements alimentaires et l’exposition aux microplastiques », indique Philipp Schwabl, chercheur à l’Université médicale de Vienne, responsable de l’étude.

Les deux types qu’on retrouve le plus souvent dans les selles sont le polypropylène, utilisé pour les bouchons de bouteille, et le PET, présent dans les bouteilles. Avec le polystyrène (barquettes) et le polyéthylène (sacs en plastique), ils représentent plus de 95 % des particules détectés.

D’autre part, on estime que 2 à 5 % du plastique produit fini dans les mers et les océans où il se décompose très lentement. Les microparticules de plastique sont alors absorbées par des animaux marins et se retrouvent parfois dans la chaine alimentaire humaine.

Quel impact l’ingestion de microplastique a-t-elle sur la santé ?

En raison du tout petit nombre de sujets ayant participé à cette étude, les chercheurs ont expliqué qu’une étude à plus large échelle serait nécessaire pour évaluer les conséquences sur la santé de l’ingestion de microplastiques. Mais ils pointent quand même les résultats d’études précédentes où l’on a trouvé du plastique non seulement dans l’estomac et les intestins des animaux, mais aussi en petite quantité dans le sang, la lymphe et le foie.

« Je ne suis pas du tout surpris, ni particulièrement inquiet de ces conclusions », a commenté Alistair Boxall, professeur à l’université de York en Grande-Bretagne.

« Des microplastiques ont été trouvés dans l’eau du robinet, l’eau en bouteille, des poissons et des moules et même dans de la bière », rappelle-t-il. « C’est quelque part inévitable qu’au moins une partie se retrouve dans notre système digestif. »

Pour la chercheuse Stephanie Wright, chercheuse au King’s College de Londres, la question primordiale est de savoir si les microplastiques s’accumulent dans le corps humain.