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Parcoursup, le bilan : attentes des lycéens et doutes face au nouveau système d'affectation

Au lendemain de la publication des premiers résultats d’affectation pour la rentrée prochaine, Parcoursup a tenu sa promesse. Même si 419 000 lycéens attendent encore une affectation, plus de 50 % des lycéens ont reçu une réponse positive.
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Mardi 22 mai 2018 à 18 h, les premières réponses concernant les vœux d’environ 812 000 lycéens pour leur entrée à l’université à la rentrée prochaine ont été dévoilées sur la nouvelle plateforme Parcoursup.
Parcoursup a tenu sa promesse, car plus de 50 % des lycéens ont reçu une réponse positive dès ce mardi 22 mai. Mais entre le « bug » de la plateforme peu après 18 h et la déception pour beaucoup de ne pas encore avoir d’affectation, les critiques sont vives et les jeunes souhaitent se mobiliser. Un point sur la situation.

Parcoursup, le bilan : attentes des lycéens et doutes face au nouveau système d'affectation


Près de la moitié, des candidats ont obtenu une réponse positive, mais 419 000 lycéens attendent encore une affectation

Mercredi 23 mai au matin, 419 000 candidats étaient toujours dans l’attente d’avoir au moins une réponse positive qui leur garantirait au moins une porte ouverte pour continuer vers des études supérieures. Durant les 12 heures qui ont suivi les premiers résultats, plus de 63 000 candidats ont accepté une des propositions qui leur avaient été faites, libérant de ce fait 55 000 places. Les étudiants ayant 1 semaine pour accepter ou refuser une proposition, le ministère prévoit que 350 000 places seront libérées dans les 10 prochains jours. En effet, le nouveau système se base sur le « lissage » des vœux de tous les lycéens de France : un élève peut remettre à disposition jusqu’à 9 places lorsqu’il accepte une affectation de façon définitive. Comme le délai pour prendre une décision est de 7 jours, on peut raisonnablement s’attendre à une nouvelle vague de réponses positives sur Parcoursup autour du 29 mai.

Ironie, incompréhension et colère sur les réseaux sociaux

Sur Facebook ou Twitter, depuis mardi soir, les lycéens expriment surtout leur incompréhension et leurs doutes concernant la plateforme Parcoursup. Beaucoup sont toujours en liste d’attente et gèrent leur stress tant bien que mal, mais certains partagent, non sans humour, les incohérences relevées sur le site dédié à l’orientation des étudiants.

En se connectant à leur espace personnel, certains s’étonnent parfois de s’être fait attribuer un numéro fantaisiste sur une liste d’attente, d’autres implorent ceux qui ont eu des réponses positives de se décider vite, beaucoup se posent également des questions sur les critères de sélection des universités.

Un algorithme dévoilé en partie, mais les critères de sélection des universités restent opaques

Le code informatique permettant de trier les étudiants de la plateforme Parcoursup est disponible en open source depuis mardi 22 mai, mais les algorithmes locaux, élaborés par les universités, et les critères de sélection sur lesquels ils sont basés, ne seront pas dévoilés.

Dans un communiqué commun, le secrétaire d’État au Numérique Mounir Mahjoubi et la ministre de l’Éducation Frédérique Vidal ont expliqué que rendre l’algorithme public « [permet] à chacun de vérifier que le fonctionnement de la plateforme est conforme au droit ». Cela permet aussi « la pleine compréhension des mécanismes de la nouvelle procédure d’entrée dans l’enseignement supérieur : non-hiérarchisation des vœux, absence de contraintes , délais de réponse qui permettent, lorsque chaque candidat fait son choix, de libérer des places qui seront immédiatement proposées à d’autres candidats ».

Ce que le gouvernement ne précise pas, c’est que les universités peuvent également mettre en place un algorithme en local qui trie les candidats selon d’autres critères de sélection. Ce deuxième code informatique va permettre de vérifier s’il y a suffisamment d’étudiants boursiers dans la sélection faite à l’aide de l’algorithme « général » et si les étudiants sont dans la zone géographique de la formation qu’ils demandent. Des critères sociaux sont donc bien pris en considération et non pas seulement les résultats scolaires des lycéens.
Les critères de sélection des établissements n’ont pas à être rendus publics et peuvent potentiellement être arbitraires.


Les étudiants sont prêts à se mobiliser

Philippe Vincent, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation Nationale (SNPDEN) précise « qu’il y aura des améliorations à apporter » à la plateforme d’affectation des lycéens et des étudiants. Plutôt que de parler d’échec, il a déclaré le jeudi 24 mai : « Le terme d’inquiétude est celui qui est le plus juste. Effectivement, nous avons été un peu surpris du score initial. On avait l’espoir d’être assez au-delà de 50 % d’élèves qui reçoivent un premier “oui”, mais nous sommes raisonnablement optimistes parce que la situation d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. »

Même si le gouvernement se veut rassurant, plusieurs organisations et syndicats étudiants ont d’ores et déjà appelé à manifester et à bloquer les établissements scolaires. De leur côté, l’Unef et l’Union Nationale Lycéenne invitent les étudiants à rejoindre la « marée populaire » organisée par la France Insoumise samedi 26 mai.