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Un test sanguin pour choisir le traitement adapté au cancer du sein

Une étude menée récemment à l’Institut Curie à Paris montre que l’analyse des cellules tumorales dans l’organisme via un test sanguin permettait de mieux choisir un traitement pour les patientes atteintes de cancer du sein. Qu’en est-il ?
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Une étude menée en France sur plus de 700 patientes montre que la détection des CTC (Cellules tumorales circulantes) dans le sang des femmes atteintes d’un cancer du sein pourrait permettre de choisir un traitement plus adapté et ainsi augmenter leur chance de survie. Un point sur les résultats de ces recherches.

Un test sanguin pour choisir le traitement adapté au cancer du sein

Une étude innovante de l’Institut Curie propose d’analyser les CTC

Les CTC sont des cellules cancéreuses qui se détachent d’une tumeur lorsqu’elle se développe et grossit. Ces cellules se retrouvent alors dans le sang avec la possibilité, si elles ne meurent pas, d’aller s’attacher à un ou plusieurs autres organes. C’est alors que d’autres métastases se développent et que le cancer se généralise.

Détecter les CTC dans le sang est très compliqué, car elles sont peu nombreuses. Par exemple, dans 10 millilitres de sang, il n’y a que quelques CTC, des cellules cancéreuses, parmi plus de 50 millions de cellules totalement saines. Mais réussir à les détecter permet un diagnostic plus précis, de constater d’éventuelles rechutes, et de mieux personnaliser ou choisir un traitement.

En 2016, le Pr François-Clément Bidart de l’institut Curie avait déjà prouvé devant ses pairs que la quantité de cellules tumorales dans le sang des patientes est en corrélation avec l’évolution de la maladie — plus il y a de CTC, plus le pronostic vital de la patiente est engagé — lors du sommet annuel de la recherche sur cancer du sein de San Antonio au Texas. 2 ans après, il a expliqué lors de ce même symposium comment ces données peuvent être utiles.

« C’est la première étude qui montre qu’en utilisant cette information, on permet d’améliorer la survie des patientes », a expliqué à l’AFP le Pr Jean-Yves Pierga, chef du département d’oncologie médicale de l’Institut Curie, où a été menée l’étude.

La détection des CTC par un test sanguin permet de mieux choisir le traitement

Pour traiter les patientes atteintes d’un cancer du sein avec métastases dit « hormonosensible », on a souvent recourt à un traitement hormonal, une « hormonothérapie ». La chimiothérapie, qui a malheureusement pour conséquence d’importants effets secondaires, est généralement réservée aux cas les plus graves.

Et « les critères permettant aux médecins d’évaluer cette gravité, et donc le choix du traitement restent flous », notent dans un communiqué l’Institut Curie et l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

L’étude montre l’augmentation de la survie « sans progression » grâce au test sanguin

778 patientes ont participé à l’essai clinique de cette étude. Pour la moitié d’entre elles, le traitement a été choisi en fonction des CTC, pour l’autre moitié, sur l’évaluation du médecin. Pour 300 femmes, l’analyse des CTC a poussé l’équipe médicale à choisir un traitement différent de celui préconisé par le médecin. C’est-à-dire que là où le médecin pensait que s’en tenir à une hormonothérapie suffirait, l’analyse des CTC — qui en a révélé un nombre trop important — a indiqué une forme plus agressive ou plus étendue de cancer et la nécessité d’une chimiothérapie.

« Les femmes qui auraient été traitées par hormonothérapie d’après le médecin, mais avaient finalement reçu une chimiothérapie à cause de leur taux élevé de CTC dans le sang voyaient leur survie augmentée […] ».


« Combiner les 2 approches pour orienter les choix thérapeutiques »

Pour le Pr François-Clément Bidard, les résultats de l’étude invitent à « combiner les deux approches pour orienter les choix thérapeutiques : le regard du clinicien et le dosage des CTC ».

D’autre part, il précise que ce test sanguin « c’est un dosage relativement simple, disponible dans plusieurs centres en France ; et il est peu coûteux [environ 500 €] au regard des bénéfices qu’il peut apporter aux patientes ».

« Nous espérons que ces données permettent l’acceptation de son remboursement, dans les conditions précises de l’essai », conclut-il.