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100 ans après la grippe espagnole, des chercheurs étudient les risques d'une nouvelle pandémie

En 1918, la grippe espagnole décimait 50 millions de personnes. 100 ans après, des chercheurs font le point sur les risques d’une nouvelle pandémie. Qu’en est-il ?
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Une étude menée par des chercheurs australiens, récemment publiée dans la revue scientifique Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, fait le point sur les facteurs viraux, génétiques et immunitaires qui provoquèrent le décès d’une large partie de la population planétaire durant la pandémie de grippe espagnole de 1918. Elle évalue par la même occasion l’impact qu’une telle épidémie pourrait avoir de nos jours. Un point sur les conclusions de cette étude.

100 ans après la grippe espagnole, des chercheurs étudient les risques d’une nouvelle pandémie

Une nouvelle pandémie de grippe est tout à fait possible

2018 marque le 100e anniversaire de la grippe espagnole qui décima 50 millions de personnes à travers le monde en 1918. L’étude australienne s’est particulièrement intéressée aux interactions entre les facteurs viraux, génétiques et immunitaires qui ont à l’époque provoqué un taux de mortalité extrêmement élevé, pour pouvoir en déduire comment se préparer au mieux en cas de nouvelle pandémie.

Cette étude s’avère particulièrement utile vu l’augmentation significative du nombre de souches de virus de la grippe très virulentes qui ont été transmises des animaux à l’homme ces 10 dernières années. Par exemple, la grippe aviaire H7N9 pour ne citer qu’elle, qui se transmet pour l’instant seulement des oiseaux à l’homme, a de quoi inquiéter. En effet, le taux de mortalité lié à cette maladie avoisine les 40 % et les scientifiques ont déjà observé des signes de mutation du virus qui tente de s’adapter à l’organisme humain.

Même s’il est impossible de prévoir quelle souche de virus de la grippe pourrait provoquer la prochaine pandémie, il est important d’étudier tous ces facteurs de près pour déterminer quelle serait la meilleure conduite à adopter si cela se produisait.

Une société mieux préparée à une éventuelle pandémie

En 100 ans, la société et les moyens techniques qui permettent une surveillance continue et accrue des souches de virus de la grippe franchissant la barrière des espèces ont évolué. Grâce à cela, des abattages préventifs de volailles peuvent être organisés à large échelle en cas de potentielles infections transmissibles à l’homme, comme cela a été le cas pour les grippes H1N1 et H7N9.

De plus, on a aujourd’hui une meilleure compréhension des facteurs immunitaires propres aux sujets infectés et de la façon dont le pathogène s’adapte à son hôte, ce qui permet ainsi de développer des vaccins de plus en plus efficaces.

Mais malgré les progrès qui ont été faits, la démographie actuelle est très différente de ce qu’elle était en 1918, et ce facteur pourrait être aggravant en cas de pandémie. Aujourd’hui, une part importante de la population est composée de personnes âgées, de personnes touchées par une ou plusieurs maladies chroniques comme l’obésité, l’asthme, ou encore le diabète. Par ailleurs, de nombreux individus ont un système immunitaire affaibli pour diverses raisons : à cause de chimiothérapies, parce qu’ils sont porteurs du HIV ou parce qu’ils ont subi une transplantation par exemple.

On sait déjà que ce genre de problèmes médicaux affectent la résistance des personnes même en cas de virus de la grippe moyennement virulent. À cela, s’ajoutent le fait que les humains développent de plus en plus de résistance face aux traitements antibiotiques, le manque de moyens sanitaires des pays pauvres pour contenir une éventuelle pandémie, le changement climatique qui pourrait engendrer un manque de nourriture, les migrations de population ou encore les réfugiés climatiques.

Tous ces facteurs laissent à penser que l’apparition d’un virus aussi virulent que celui de 1918 pourrait provoquer entre 21 et 147 millions de morts.

Des programmes de préparation aux pandémies mis en place

La plupart des pays ont mis en place des programmes de préparation aux pandémies définissant les mesures et les précautions à prendre en cas d’apparition soudaine d’un virus virulent et contagieux. Ces mesures incluent la surveillance, le diagnostic et le dépistage des passagers dans les aéroports lorsqu’ils sont en provenance de régions considérées comme « à risque », des procédures de quarantaine, des réserves d’antibiotiques et de vaccins, et la distribution de fournitures médicales.

L’étude insiste sur l’importance de la communication entre l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) et les institutions politiques, mais aussi entre les gouvernements et les citoyens qui doivent pouvoir être rapidement informés en cas de risque pandémique.