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Contre la pauvreté : des propositions ambitieuses ont été rendues au gouvernement

Six rapports viennent d’être rendus à la ministre des Solidarités et de la Santé qui proposent des solutions ambitieuses et innovantes pour lutter contre la pauvreté en France.
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Jeudi 15 mars, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, s’est vu remettre 6 rapports très détaillés, venus de 6 groupes de travail, contenant des propositions innovantes pour lutter contre la pauvreté. Quelles sont certaines des solutions envisagées ?

Contre la pauvreté : des propositions ambitieuses ont été rendues au gouvernement


L’accès universel à un service d’accueil de 0 à 3 ans

Le gouvernement a annoncé il y a quelque temps vouloir centrer sa stratégie de lutte contre la pauvreté sur les enfants et les jeunes, « afin que les enfants pauvres d’aujourd’hui ne deviennent pas les adultes pauvres de demain ».

À propos du rapport du premier groupe de travail sur la politique de la petite enfance, le maire d’Arras, Frédéric Leturque, l’un des deux présidents de ce groupe, indique : « Les études montrent qu’un accueil précoce de haute qualité éducative est un tremplin pour la socialisation et l’acquisition des connaissances ». Il propose de ce fait « un accès universel pour chaque enfant de 0 à 3 ans à un mode d’accueil, qu’il soit sous forme de crèche, de halte-garderie ou d’accueil individuel, avec des activités ».

Afin de renforcer le rôle de cohésion sociale des établissements d’accueil, leur financement public serait d’ailleurs modulé en fonction de la mixité sociale des enfants accueillis. De plus, ce groupe suggère d’apporter un meilleur soutien à la parentalité en créant des « lieux pivots » où les parents pourront être accompagnés et aidés. « Un chèque parentalité pourrait être remis dès le 4e mois de grossesse pour inciter les familles à recourir aux actions de soutien de la parentalité », ajoute M. Leturque

La proposition d’un petit-déjeuner offert gratuitement dans les zones prioritaires

Le député Olivier Véran a proposé dans son rapport la distribution gratuite de petits-déjeuners pour les élèves des écoles maternelles et primaires situées en zone prioritaire. 13 % de ces enfants ne mangent jamais le matin avant d’aller à l’école, indique l’inspecteur général de l’Éducation nationale, Jean-Paul Delahaye dans un rapport sur la pauvreté en 2015.

D’après les enseignants, ceci a des conséquences directes sur la santé et la scolarité des enfants : ils manquent d’énergie, sont plus fatigués et ont donc du mal à se concentrer jusqu’au déjeuner. Olivier Véran s’appuie sur une expérience menée au Royaume-Uni : les élèves qui ont pu avoir accès gratuitement à un petit-déjeuner ont rapidement amélioré leur niveau en mathématiques, en écriture et en lecture.

L’allongement de la formation obligatoire de 16 à 18 ans

Le coprésident du groupe 3, Antoine Dulin, a expliqué : « Nous voulons allonger la période de formation obligatoire de 16 à 18 ans pour que chacun ait accès sur son territoire à une offre de rescolarisation ou de formation-insertion ». En effet, chaque année, environ 100 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme, ce qui rend parfois difficile leur insertion sur le marché du travail.

Ce rapport préconise l’extension de l’actuelle « Garantie Jeune », sans limites de durée, qui permettrait de cumuler un revenu, un accompagnement et une formation adaptés pour trouver un emploi.


Beaucoup de propositions intéressantes, mais que va-t-il en rester ?

Un autre groupe propose « que toutes les caisses qui versent des prestations se fixent des objectifs de progrès en termes d’accès aux droits avec des mesures incitatives, par exemple des bonus-malus », explique quant à lui Matthieu Angotti, coprésident du groupe 4, qui insiste aussi beaucoup sur « l’inconditionnalité et le non-abandon ». Ce groupe envisage aussi la « refondation des minima sociaux en vue du droit commun à 18 ans ».

Tout ça est plutôt encourageant, mais les associations de lutte contre la pauvreté attendent des actions concrètes. « Au stade de la remise des rapports, il y a des choses intéressantes, par exemple sur la petite enfance et sur les jeunes, juge François Soulage, président du collectif Alerte, qui rassemble les associations de lutte contre l’exclusion. « Maintenant, tout ça coute de l’argent et la grande question, c’est : qu’est-ce le gouvernement va en retenir ? ».

Toutes ces propositions vont être étudiées et budgétées dans les semaines à venir. L’arbitrage du président de la République ou du Premier ministre est attendu entre mi-avril et mi-mai.