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Coût exorbitant et manque de place : le constat alarmant de l'UFC-Que choisir sur les Ehpad

Dans sa dernière étude, l’UFC-Que choisir dénonce d’« intolérables disparités géographiques et économiques ». Elle réclame la création de places dans les Ehpad publics.
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Une fracture territoriale intolérable qui impose des réformes structurelles. C’est le constat dressé par l’UFC-Que choisir dans sa dernière étude consacrée aux Ehpad et parue ce mardi 17 mai. Car entre le coût des places et le nombre de lits disponibles, les seniors ne sont pas tous égaux, s’alarme l’association.

Coût exorbitant et manque de place : le constat alarmant de l’UFC-Que choisir sur les Ehpad

Quel est le coût moyen d’une place en Ehpad ?

Ainsi, selon l’UFC-Que choisir, en moyenne, une place en Ehpad coûte 2 214 € par mois. Toutefois, il existe de grandes disparités. Par exemple, à Paris, un résident doit dépenser en moyenne 3 698 € par mois, contre 1 749 € par mois dans la Meuse. De même, l’association de défense de consommateur précise que dans les Ehpad privés, la note moyenne monte à 2 898 € par mois, contre 2 147 € par mois dans les Ehpad associatifs et 1 936 € dans les Ehpad publics.

Autrement dit, un résident d’un établissement privé débourse en moyenne 962 € de plus chaque mois que celui qui vit dans un hébergement public. Cependant, là encore, il existe d’importantes différences. Ainsi, à Paris, résider en Ehpad privé coûte en moyenne 2 049 € supplémentaires par mois que résider en Ehpad public. En Ille-et-Vilaine, l’écart moyen est de 1 733 € par mois et dans les Hauts-de-Seine, il est de 1 351 € par mois.

Bon à savoir : pour payer sa place, un retraité se sert aussi des économies qu’il a placées. En moyenne, chaque mois, il enlève 416 € d’un de ses comptes épargne (livret A, LDDS, etc.). Un chiffre qui peut s’envoler : 1 118 € en Seine–Saint-Denis et 836 € dans les Alpes-Maritimes, selon l’association.

Payer plus cher ne veut pas forcément dire « une meilleure qualité des prestations », selon l’UFC-Que choisir

Et d’après l’UFC-Que choisir, les retraités qui payent plus cher ne bénéficient pas forcément d’« une meilleure qualité des prestations ». En effet, l’association met en avant le taux d’encadrement des résidents : il est de 68,1 % dans les hébergements publics contre 55,6 % dans les Ehpad privés.

De plus, l’UFC estime que la « maximisation du profit des établissements privés (…) se réalise avec l’implicite et déplorable blanc-seing des autorités publiques ». Car à titre de comparaison, les structures privées détenaient 14 % des lits en 1997 contre 23 % en 2020. Les conseils départementaux qui peuvent avec les ARS (Autorités régionales de santé) créer de nouveaux Ehpad « trouvent un intérêt budgétaire » à privilégier les structures privées plutôt que les établissements publics, note ainsi l’association.

Comment est fixé le prix d’une place en Ehpad ?

Pour rappel, le prix d’une place en Ehpad est calculé en prenant en compte deux éléments :

  • le tarif de l’hébergement : il est fixé par le président du conseil départemental pour les chambres qui peuvent recevoir des bénéficiaires de l’ASH (aide sociale à l’hébergement). En revanche, pour les places non habilitées à recevoir ces bénéficiaires, le gestionnaire de l’établissement peut librement fixer le prix. Notons que ce tarif représente en moyenne 92 % du coût total et qu’il peut, en partie, être payé grâce aux APL ;
  • le tarif dépendance : il est fixé par le président du conseil départemental et varie selon la perte d’autonomie du résident : moins le senior est autonome, plus le montant à débourser sera élevé.

Cela signifie qu’au sein même d’une résidence, les seniors ne payent pas forcément tous le même tarif.


Certains départements manquent de lits

Dans son étude, l’UFC-Que choisir dénonce une autre inégalité : celle du nombre de places disponibles. Car en fonction des départements, il y a, là encore, de fortes disparités. Ainsi, en France, il y a en moyenne 102 places en Ehpad pour 1 000 habitants âgés de plus de 75 ans. Et si ce nombre monte à 169 en Lozère, il tombe à 41 à Paris.

Seuls « 47 % des personnes dépendantes » peuvent entrer en Ehpad, constate l’association de défense des consommateurs. Et si les structures « n’ont pas vocation à accueillir toutes les personnes dépendantes », l’UFC précise que celles qui souffrent de pathologie les plus lourdes ne peuvent pas aller dans un autre établissement.

L’UFC-Que choisir réclame la création de nouvelles places dans les Ehpad public

Alors pour que chaque senior qui le souhaite puisse résider en Ehpad, l’UFC-Que choisir réclame « la création de nouvelles places essentiellement dans les structures publiques ». L’association milite également pour la création d’un « bouclier dépendance financé par la solidarité nationale » et pour « un plafonnement » des évolutions de prix dans les Ehpad privés.

Elle souhaite aussi la « mise en place d’un taux d’encadrement minimal obligatoire ». Enfin, l’UFC veut obliger les Ehpad privés à « proposer un nombre suffisant de places éligibles » à l’ASH (aide sociale à l’hébergement).