Le droit d'asile en Europe selon le directeur de l'Ofpra : un point sur l'hébergement des réfugiés
Dans un entretien accordé au journal Ouest France, Pascal Brice, directeur de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) s’est exprimé sur les problèmes de droit d’asile en Europe. Le point sur ses déclarations.

Les accords de Dublin ont créé des impasses administratives pour l’accueil et l’hébergement des réfugiés
Les accords de Dublin III entrés en vigueur au 19 juillet 2013 imposent que la demande d’asile d’une personne soit traitée par le pays qui a le premier recueilli ses empreintes digitales et sa première demande, souvent le pays par lequel il a rejoint l’Europe.
Dans le cas où un migrant a pour destination finale l’Angleterre, il arrive par exemple en Grèce par la mer où, s’il est arrêté par les autorités, il déposera une demande d’asile. Puis, en attendant le traitement de sa demande (qui prend en général de 12 à 18 mois), il continuera son périple et s’il s’arrête en France, les autorités doivent théoriquement le renvoyer en Grèce là où il a effectué sa demande d’asile. Mais pareille décision nécessite l’instruction d’un dossier entre la France et la Grèce, qui doit d’abord donner son accord pour le rapatriement du demandeur d’asile sur son territoire et ces dossiers de transfert ne s’effectuent pas rapidement. Durant l’instruction de son dossier, le réfugié est « assigné à résidence », bloqué en France tant que la Grèce n’a pas accepté son retour.
Le directeur de l’Ofpra évoque la situation de la ville de Nantes, où des migrants vivent sous des tentes dans un square du centre-ville. « Il y a ainsi beaucoup de “Dublinés”, qui doivent théoriquement être renvoyés notamment en Italie. Mais ça ne fonctionne pas, ou rarement », explique-t-il.
Une pression démographique trop forte aux frontières de l’Europe
En raison de ces mêmes accords, des différences importantes existent entre les pays européens. Les pays se situant aux frontières extérieures de l’Europe comme la Pologne, la Grèce, ou l’Italie sont des points d’entrée en Europe où les migrants arrivent. Ils doivent faire face à beaucoup de demandes, n’ont pas les infrastructures d’accueil nécessaires et parfois pas les mêmes politiques de protection des individus.
Afin de trouver des solutions à ce problème, l’Ofpra teste depuis 2014 « des prises en charge dans les pays de transit ou à l’arrivée en Europe ». « Nous allons en Turquie, au Liban, en Jordanie pour permettre à des réfugiés syriens d’être accueillis dans notre région, par exemple ». Grâce à ce procédé, 250 réfugiés ont été accueillis en France.
Pour l’hébergement des réfugiés, « il va falloir être inventif »
La problématique des réfugiés sans hébergement qui vivent dans des conditions précaires dans les rues de certaines villes françaises reste un problème. « On manque de places en centre d’accueil (Cada) et il va falloir être inventif » déclare M. Brice qui compte sur « le concours des collectivités locales, des associations et des citoyens » tout en rappelant qu’en France, l’hébergement et l’intégration des réfugiés sont du ressort de l’État.
Il indique par ailleurs que l’« on est très loin d’une situation d’arrivée massive » de migrants même si les demandes d’asiles sont en augmentation depuis 15 ans.