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L'école obligatoire commencera dès 3 ans à partir de la rentrée 2019

Jusqu’à présent en France, les enfants devaient obligatoirement recevoir une éducation scolaire entre 6 et 16 ans. À la rentrée 2019, l’abaissement de cet âge à 3 ans entrera en vigueur. L'école maternelle deviendra obligatoire.
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Mardi 27 mars 2018, le président de la République a annoncé l’abaissement de l’âge de la scolarité obligatoire de 6 à 3 ans lors du lancement des Assises de l'école maternelle, dont vous pouvez suivre le direct ici. Cette mesure sera sûrement mise en application dès la rentrée 2019. Pourquoi cette décision ? Comment cela va-t-il être mis en place ?

L’école obligatoire commencera dès 3 ans à partir de la rentrée 2019


L’école obligatoire dès 3 ans pour lutter contre les inégalités

Selon l’Élysée, « la décision d’abaisser l’âge de l’instruction obligatoire à 3 ans traduit la volonté du président de la République de faire de l’école le lieu de l’égalité réelle et une reconnaissance de l’école maternelle, qui ne doit plus être considérée comme un mode de garde universel ou comme la simple préparation à l’école élémentaire ».

Dans les faits, 97 % des petits âgés de 3 ans fréquentent déjà une école maternelle, selon la Depp, le département statistique du ministère de l’Éducation. Mais il existe aussi de grandes disparités régionales. Le taux d’enfants scolarisés en maternelle est par exemple de 93 % à Paris, il chute à 87 % en Corse et est de moins de 70 % en Guyane et à Mayotte. Les enfants concernés par cette mesure sont au nombre de 20 000 environ.

Emmanuel Macron a évoqué des « inégalités diverses », lors de son discours, évoquant des « disparités dans la journée », puisque « ce sont dans les quartiers les plus défavorisés que souvent, on ne va pas remettre l’enfant à l’école » l’après-midi, « parce qu’on ne peut pas ou on ne veut pas payer la cantine ». Il a ajouté : « Je souhaite que par cette obligation, à partir de la rentrée 2019, nous puissions (...) corriger ce différentiel qui n’est plus acceptable », a poursuivi le chef de l’État, inscrivant cette mesure « dans l’action menée pour lutter contre la pauvreté ».

Prendre en considération les dernières recherches sur le développement cognitif de l’enfant

Cette obligation d’instruction des enfants dès 3 ans, c’est aussi reconnaître l’importance décisive des premières années de vie pour les apprentissages. Les recherches en sciences cognitives montrent que beaucoup de capacités se développent avant l’âge de 6 ans.

L’idée n’est pas de commencer l’éducation des enfants de plus en plus jeunes afin d’en faire des bêtes à concours ou des singes savants. Elle part plutôt du constat que le langage s’acquiert tôt et que sa maîtrise est nécessaire au développement cognitif de l’enfant, et qu'elle lui permettra ensuite plus facilement de lire et de créer des liens. D’ailleurs, les nouveaux programmes scolaires insistent déjà sur l’importance du langage, de la socialisation et du jeu.

« La question, ce n’est pas le pré-apprentissage de la lecture, mais bien celle du vocabulaire alors qu’un nombre important d’enfants arrive aux portes de l’école primaire avec un langage incompatible avec une entrée réussie dans le monde de l’écrit », a expliqué le linguiste Alain Bentolila au Figaro.

La mise en place de cette mesure soulève des questions

En France, il y a un problème d’effectif. Les classes de maternelle comptent en moyenne 22 enfants pour 1 enseignant, ce qui représente un taux d’encadrement plus faible que les moyennes de l’Union européenne, selon une récente note de France Stratégie. « La France est loin des pays nordiques (six pour un en Suède, dix pour un au Danemark et en Finlande), mais aussi de la moyenne européenne qui s’établit à 13 pour 1 », précise ce rapport.

En ce moment où les écoles font face à de nombreuses fermetures de classes, comment le gouvernement compte-t-il s’y prendre pour ne pas générer de couts supplémentaires exorbitants ? Francette Popineau, présidente du Snuipp-FSU, premier syndicat des enseignants du primaire s’en inquiète. « La vraie question est plutôt : comment on s’y prend ? Avec combien d’élèves par classe ? Quels investissements ? Quelles formations pour les profs ? » Car pour permettre l’instauration de cette mesure, environ 800 postes devront être créés.