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Réforme des retraites : après le 49.3, quelle est la suite ?

Ce lundi 20 mars, les députés doivent se prononcer sur deux motions de censure. Le gouvernement va-t-il être maintenu ? Suivez notre direct.
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Journée décisive au Parlement pour la réforme des retraites. Après des semaines de débats et le recours à l’article 49.3 pour faire passer ce texte très contesté, deux motions de censure seront examinées ce lundi 20 mars. Si elles sont rejetées, la réforme des retraites sera de facto adoptée. En cas de vote d’une des deux motions de censure, le gouvernement doit démissionner et la réforme des retraites ne pourra pas être appliquée.

Réforme des retraites : après le 49.3, quelle est la suite ?

Réforme des retraites : les principales mesures de la version finale du texte

Ce mercredi 15 mars 2023, la commission mixte paritaire, qui réunit 7 députés et 7 sénateurs, s’est mise d’accord sur la version définitive de la réforme des retraites.

Comme prévu par le texte du gouvernement, l’âge légal de départ à la retraite, c’est-à-dire l’âge à partir duquel un travailleur peut prendre sa retraite sauf exception, va passer progressivement de 62 à 64 ans. Dans le détail, les personnes nées à compter du 1er septembre 1961 partiront à 62 ans et trois mois. En revanche, pour ceux nés en 1968 ou après, ce sera 64 ans.

Par ailleurs, le gouvernement accélère l’application de la loi Touraine. Alors qu’à l’origine seules les personnes nées à partir de 1973 devaient cotiser 172 trimestres, avec cette réforme, les personnes nées à partir de 1965 sont également concernées par cette durée de cotisation.

Fin de la plupart des régimes spéciaux

RATP, EDF, Banque de France, clercs de notaires, etc. La plupart des régimes spéciaux disparaîtront. Cela signifie que les salariés de ces régimes ne pourront plus profiter d’un départ à la retraite avant l’âge légal ou encore d’une durée de cotisation moins longue.

Attention toutefois, cette suppression ne concerne que les nouveaux embauchés. Les salariés qui travaillent avant l’application de la réforme des retraites, soit avant le 1er septembre 2023, bénéficieront toujours des mesures actuelles.


Une pension minimale à près de 1 200 € pour une carrière complète à temps plein

C’est une mesure qui a souffert d’une communication un peu hasardeuse. Mais, la réforme des retraites prévoit bien une revalorisation des pensions minimales. Ainsi, un retraité qui a une carrière complète à temps plein percevra 85 % du SMIC net, soit près de 1 200 € brut dès le 1er septembre 2023.

Par la suite, ce minimum sera indexé sur le SMIC. Début mars, Olivier Dussopt affirmait qu’au maximum 20 000 nouveaux retraités devraient bénéficier de cette mesure. À la mi-février, il avait brandi le chiffre de 40 000 personnes.

Un index seniors créé

La publication de l’index seniors devient obligatoire à compter du 1er novembre 2023 pour les entreprises de plus de 1 000 salariés, puis à partir du 1er juillet 2024 pour celles de plus de 300 salariés. L’objectif : inciter les entreprises à conserver des salariés en fin de carrière. Et si les sociétés n’ont pas d’obligation de résultat, en revanche, elles pourront être sanctionnées si elles ne publient pas leur index.

Un nouveau type de CDI pour les demandeurs d’emploi de 60 ans et plus

À titre expérimental, un nouveau type de CDI va être créé à compter de septembre 2023 pour les demandeurs d’emploi d’au moins 60 ans. Ce CDI seniors permettra à l’employeur d’être exonéré de cotisations d’allocations familiales. Le but : inciter les entreprises à embaucher les seniors.

Carrières longues : le dispositif évolue

Les salariés qui ont commencé à travailler tôt pourront bénéficier d’un départ à la retraite anticipée pour carrières longues. Dans le détail :

  • ceux qui ont validé au moins 5 trimestres avant la fin de l’année de leurs 16 ans, ou 4 trimestres s’ils sont nés entre octobre et décembre, pourront partir à la retraite à 58 ans ;
  • ceux qui ont validé au moins 5 trimestres avant la fin de l’année de leurs 18 ans, ou 4 trimestres s’ils sont nés entre octobre et décembre, pourront partir à la retraite à 60 ans ;
  • ceux qui ont validé au moins 5 trimestres avant la fin de l’année de leurs 20 ans, ou 4 trimestres s’ils sont nés entre octobre et décembre, pourront partir à la retraite à 62 ans ;
  • ceux qui ont validé au moins 5 trimestres avant la fin de l’année de leurs 21 ans, ou 4 trimestres s’ils sont nés entre octobre et décembre, pourront partir à la retraite à 63 ans.

Attention toutefois à remplir une autre condition : avoir atteint la durée minimale de cotisations, soit 43 ans.

Une surcote pour les mères

À l’heure actuelle, les femmes peuvent bénéficier de 4 trimestres supplémentaires pour la naissance d’un enfant ainsi que 4 autres trimestres au titre de l’éducation. Or, le report de l’âge légal de 2 ans pourrait avoir un impact négatif sur certaines salariées : elles continueraient à travailler alors qu’elles ont déjà atteint la durée minimale de cotisation.

Alors pour limiter cette problématique, la réforme des retraites prévoit une nouvelle mesure. Les mères qui atteignent le taux plein un an avant l’âge légal du départ à la retraite, soit 63 ans, vont pouvoir bénéficier d’une surcote de leur pension. Au maximum, celle-ci pourra atteindre 5 %.

Comment fonctionne l’article 49.3 ?

N’ayant pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale, le gouvernement a donc choisi de passer « en force » la réforme des retraites en ayant recours à l’article 49.3. Cela signifie que le gouvernement engage sa responsabilité et que les députés ne peuvent pas voter ce texte. En revanche, ils ont 24 heures pour déposer une motion de censure et ainsi pouvoir renverser le gouvernement.

Pour rappel, depuis le début de la 5e République, cet article a été utilisé 100 fois, dont 11 fois par Élisabeth Borne. Notons qu’une seule motion de censure a été adoptée. C’était en 1962.

Réforme des retraites : après le 49.3, quelle est la suite ?

Le gouvernement peut-il tomber ?

En tout, deux motions de censure ont été déposées : la première par le Rassemblement national et la deuxième par le groupe LIOT (Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires). Toutefois, pour qu’une motion de censure soit votée, elle doit recueillir la moitié des voix des députés, soit 287 voix.

Et alors que le vote se déroulera ce lundi 20 mars après-midi, les calculatrices sont de sorties dans les rangs du gouvernement et des oppositions. La motion de censure du Rassemblement national n’a aucune chance d’aboutir : les députés de la Nupes ont annoncé qu’il ne la voterait pas.

En revanche, le doute plane toujours sur la motion de censure déposée par le groupe LIOT. Car le Rassemblement national, soit 88 députés, a annoncé qu’il voterait toutes les motions de censure. De plus, la Nupes (149 députés) va également la voter. En plus des 20 députés du groupe LIOT, cela fait un total de 257 députés. Il manquerait donc 30 voix pour que la motion soit votée. Cela semble donc improbable, à moins que certains députés LR (le groupe compte 61 députés) fassent ce choix ainsi que les 5 élus non inscrits dans un groupe politique.

Que se passe-t-il en cas de vote d’une motion de censure ?

Dans les faits, si la motion de censure déposée par le groupe LIOT est soutenue par 287 députés, le gouvernement d’Élisabeth Borne doit démissionner. Toutefois, la suite n’est pas forcément écrite. En effet, rien n’interdit à Emmanuel Macron de désigner une nouvelle fois Élisabeth Borne comme Première ministre.

En effet, si l’on prend pour exemple, la seule motion de censure adoptée, en 1962, le général de Gaulle, président de la République de l’époque, avait maintenu sa confiance en son Premier ministre, Georges Pompidou et avait dissout l’Assemblée nationale. Résultat : il remporte haut la main le suffrage et Georges Pompidou continue à être le chef du gouvernement.

Notons qu’en septembre dernier, Emmanuel Macron avait menacé de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de motion de censure.

Et si les motions de censure ne sont pas votées ?

Si les motions de censure ne sont pas votées, la réforme des retraites sera de facto adoptée. Toutefois, la mobilisation dans les rues va continuer. D’ailleurs, ce jeudi 23 mars se déroulera une nouvelle journée de grève. Ce sera la 9e journée de mobilisation.

De plus, des recours au Conseil constitutionnel se préparent et des membres de la Nupes évoquent un référendum d’initiative partagée. Une procédure qui peut bloquer pendant 9 mois la mise en œuvre de la réforme des retraites. Pour rappel, celle-ci permet d’organiser une consultation citoyenne sur une proposition de loi à l’initiative d’au moins 185 parlementaires et elle doit être signée par 4,87 millions de personnes.

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La réforme des retraites adoptée

Les 2 motions de censure ayant été rejetées, la réforme des retraites est donc adoptée à l'Assemblée nationale. Elle devra désormais passer l'examen du Conseil constitutionnel, qui a le pouvoir de censurer une partie du texte.

La Nupes a de son côté décidé de saisir la Cour Constitutionnelle. De fortes mobilisations sont à redouter dans les prochains jours : « Rien n'entame la détermination des travailleurs », a indiqué la CGT dans un communiqué ce lundi soir.

Le motion de censure déposée par le RN n'est pas adoptée non plus

La motion de censure déposée par le RN, qui avait moins de chance d'aboutir, n'a pas non plus été adoptée ce lundi à l'Assemblée nationale. 

La motion de censure transpartisane rejetée à l'Assemblée nationale

La motion de censure, portée par le groupe Liot, vient d'être rejetée à 9 voix près (avec 278 votes favorables, la barre de la majorité absolue fixée à 287 voix n'a pas été atteinte). Cette motion inquiétait depuis le recours à l'article 49.3 par Élisabeth Borne, son adoption impliquant la démission du gouvernement et, de fait, le rejet de la réforme des retraites. 

Vous pouvez suivre l’examen des motions de censure en vidéo

Sur sa chaîne YouTube, LCP (La Chaîne parlementaire) permet de suivre en direct l’examen des motions de censure.

Assemblée nationale : des CRS placés près de l'Assemblée nationale.

Alors que l’examen des deux motions de censure va bientôt commencer, le dispositif de sécurité se met en place autour de l’Assemblée nationale.

Sondage : 68 % des Français souhaitent le vote des motions de censure

Selon un sondage Elabe pour BFM TV, 68 % des Français interrogés souhaitent que les motions de censure soit votées. Et dans le cas où elle ne serait pas adoptée, le même nombre (68 %) souhaite qu'Élisabeth Borne démissionne.

Aurélien Pradié, député LR, va voter la motion de censure

Le député LR, Aurélien Pradié, s’est laissé le week-end pour réfléchir. Et sur Europe 1, ce lundi, il a annoncé voter pour la motion de censure transpartisane, déposée par le groupe LIOT. « J’ai pris cette décision en patriote qui ne supporte plus de voir le spectacle d’affaiblissement démocratique », a-t-il précisé.

LFI veut qu'une commission d’enquête soit créée

Ce lundi 20 mars, les députés LFI ont réclamé la création d’une commission d’enquête, parlant de « pressions » ou de promesses du gouvernement. Le but selon eux : que les élus ne votent pas la motion de censure.

Motions de censure : le vote ne se déroule pas dans l’hémicycle

L’examen des 2 motions de censure commencera à 16h. Chacun des deux premiers signataires de la motion prendra la parole. Cela devrait donc être Marine Le Pen pour le Rassemblement national et Bertrand Pancher ou Charles de Courson pour le groupe LIOT. Puis, chaque formation politique va donner son avis.

Enfin, ce sera l’heure du vote, sans doute aux alentours de 18h. Celui-ci se déroulera dans les salles à proximité de l’hémicycle. Le scrutin étant public, la liste des députés ayant voté la motion sera publiée sur le site de l’Assemblée nationale.

 

Redacteur
Olivier

D’un naturel curieux, aimant écrire et féru d’actualité, je me suis rapidement orienté vers la rédaction web. Après un détour par la PQR (presse quotidienne régionale), me voici désormais sur démarches administratives, avec toujours la même envie : celle de vous informer le mieux possible.