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Une étude indépendante pour trancher la question de la dangerosité du glyphosate

Après des années de controverse, le gouvernement va tenter de mettre fin à la polémique sur le glyphosate. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a été chargée d’élaborer un cahier des charges et l’étude pourrait être menée par un « consortium d’institutions ». Un point sur la situation.
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Alors que Monsanto est de nouveau attaquée en justice aux États-Unis pour son produit Roundup dérivé du glyphosate, en France on annonce qu’une étude indépendante sera prochainement menée pour véritablement évaluer la dangerosité de cet herbicide largement utilisé en agriculture et dans les vignobles. Le point dans cet article.

Une étude indépendante pour trancher la question de la dangerosité du glyphosate

Des avis contradictoires au sein des institutions

En mars 2015, le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), qui dépend de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), avait placé le glyphosate sur la liste des « cancérogènes probables ». Mais 8 mois plus tard, la EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) rendait un avis contraire et estimait « improbable » que cet herbicide ait des effets néfastes sur la santé humaine. En 2017, l’Echa (Agence européenne des produits chimiques) a confirmé que le produit était sans danger pour l’Homme.

Ces deux avis en faveur du produit chimique sont largement décriés par plusieurs ONG qui dénoncent des études basées sur des informations fournies par les industriels qui fabriquent et commercialisent le produit. D’où la volonté du gouvernement de mettre un terme aux discussions incessantes sur la dangerosité du glyphosate en commandant une étude indépendante pour « trancher ».

L’Anses chargée d’établir le cahier des charges de l’étude

« Nous établissons le cahier des charges d’une étude indépendante qui devrait éclairer la question des dangers du glyphosate, pour essayer de trancher cette controverse sur les dangers du glyphosate et en particulier sa cancérogénicité», a déclaré Françoise Weber, directrice générale déléguée de l’Anses, en charge des produits réglementés, lors d’une conférence de presse qui a eu lieu lundi 25 février au Salon de l’agriculture à Paris.

« Dès lors que nous aurons terminé le cahier des charges — dans les semaines qui viennent, nous sommes au bout de ce processus —, il sera transmis aux ministres » de l’Agriculture, de la Santé et de l’Environnement, a ajouté Mme Weber.

« Ce n’est pas forcément nous qui la ferons », a toutefois tenu à préciser la directrice à propos de l’étude. Elle pourrait être confiée à « un consortium d’institutions de chercheurs ».

La confédération paysanne émet des doutes concernant le « Contrat de Solutions »

En parallèle de cette annonce, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a signé lundi soir le « préambule » du « Contrat de Solutions » qui engage la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) et une trentaine d’autres organisations (les Chambres d’agriculture et Coopératives agricoles de France, les Jeunes agriculteurs, l’institut de recherche public Acta, les interprofessions des productions végétales et animales, mais aussi des fabricants de produits phytosanitaires et de biocontrôle, etc.). Celui-ci tend à réduire l’utilisation de produits phytosanitaires.

Interrogée à propos de ce contrat, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, déclarait : « Notre idée fixe, c’est de trouver des solutions en étant pragmatiques et réalistes. La protection des plantes ne doit pas être, ne doit plus être un sujet de polémiques, mais s’inscrire comme un sujet d’avenir partagé ». Elle estimait par ailleurs que « le zéro phyto n’existe pas. Nous avons besoin de combiner diverses techniques ».

D’où les doutes de la Confédération paysanne sur la réelle volonté du gouvernement et des différents acteurs d’aller vers une sortie du glyphosate. « La solution qu’on nous présente, ce n’est pas la sortie des pesticides, c’est le contrat de solutions de la FNSEA avec tout un tas de mesures pour diminuer légèrement la courbe de consommation des pesticides », déplore Laurent Pinatel, son porte-parole. « Cette étude du contrat de solutions, elle est quand même financée par ceux qui vendent les pesticides, c’est comme si on confiait à Pernod Ricard la sortie de l’alcoolémie », a-t-il ironisé.

Pour lui, la nouvelle étude sur le glyphosate est inutile : « Une nouvelle étude, c’est refuser de voir que le scandale des pesticides sera le même scandale que le scandale de l’amiante ». « Depuis dix ans, l’espérance de vie en bonne santé diminue chez les paysans. C’est dû pas qu’aux pesticides, mais c’est aussi dû aux pesticides », a-t-il déclaré.

Le président de la République a quant à lui émis le souhait que la France devienne « le premier vignoble sans glyphosate du monde » lors de l’ouverture du Salon de l’Agriculture samedi dernier. Cela reviendrait, selon Mr Pinatel, à diminuer le glyphosate utilisé sur le territoire par deux, car « 50 % du glyphosate [est] utilisé sur les vignes ».