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Des dispositifs d'alerte pour les femmes victimes de violences conjugales pendant le confinement

Les violences faites aux femmes auraient augmenté depuis le début du confinement lié au CoVid-19. Pour autant, les signalements téléphoniques ont diminué. C’est pourquoi le gouvernement a mis en place de nouveaux dispositifs pour permettre aux femmes en danger d’alerter les autorités.
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Les violences faites aux femmes ont augmenté de plus de 30 % depuis le début du confinement selon le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Des mesures ont donc été mises en place pour permettre aux femmes de signaler un conjoint violent plus facilement et d’être accueillies si elles doivent fuir le domicile familial. Le point sur ces dispositifs dans cet article.

Des dispositifs d'alerte pour les femmes victimes de violences conjugales pendant le confinement

Une hausse des violences liée au confinement

« Avec le confinement, les violences au sein du foyer sont exacerbées, tout peut devenir source de violences, les hommes violents sont de plus en plus irritables... et les violences jusque-là psychologiques peuvent également devenir physiques  », explique Me Isabelle Steyer, une avocate parisienne spécialisée dans la défense de victimes de violences conjugales à France 3. « Il ne faut pas oublier que les enfants sont aussi concernés », a-t-elle ajouté.

Fatima Benomar, une militante féministe interrogée par France Info est du même avis : « Les hommes violents sont plus brutaux, ils sont exaspérés par l’enfermement imposé. Ils vont encore plus dénigrer, surveiller les faits et gestes de leurs compagnes, se plaindre de la cuisson du repas, de la tenue de la maison et très vite ça dégénère ».

En cette période où les possibilités de sortir du domicile familial sont très limitées, le gouvernement a mis en place de nouveaux dispositifs pour permettre aux femmes victimes de violence ou à ceux qui en sont témoins de donner l’alerte.

La plateforme de signalement téléphonique 3919

Il est toujours possible de contacter la plateforme téléphonique 3919. Mais comme l’a souligné Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes « téléphoner n’est pas toujours facile quand vous êtes confinée dans un petit appartement avec un homme agressif qui vous surveille ».

Les femmes sourdes et malentendantes peuvent envoyer un SMS au 114 (numéro d’urgence) ou un interlocuteur peut se charger de prévenir les forces de l’ordre pour une intervention si besoin.

La plateforme arretonslesviolences.gouv.fr

La plateforme « Arrêtons les violences » permet de rentrer en contact via un tchat avec un gendarme ou un policier spécialement formé à traiter les cas de violences conjugales. Des interlocuteurs sont disponibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

L’utilisation de cette plateforme ne laisse pas de trace dans l’historique du navigateur et on peut s’en déconnecter très facilement.

À savoir qu’en tant que témoin, voisin, vous pouvez également utiliser cette plateforme de signalement pour alerter les autorités tout en gardant l’anonymat.


« Multiplier les points de contact avec les femmes »

« Mon obsession, c’est de multiplier les points de contact avec les femmes pour ne rien laisser passer. Comme il est plus difficile de se déplacer, nous faisons en sorte que les dispositifs d’accompagnement aillent aux femmes », a expliqué la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

Des points d’accueil sont en train d’être installés dans certains centres commerciaux en partenariat avec des associations, où les femmes victimes de violences peuvent se présenter, être accueillies et conseillées gratuitement et de manière confidentielle.

Dans un premier temps, des points accueil des victimes vont être déployés à « So Ouest à Levallois-Perret, aux 4 Temps à la Défense (Hauts-de-Seine), à Carré Sénart à Lieusaint (Seine-et-Marne), au forum des Halles à Paris, à V2 à Villeneuve-d’Ascq (Nord), aux Ulis (Essonne) », a précisé Mme Schiappa dans Le Parisien puis dans une vingtaine de centres commerciaux et hypermarchés dans d’autres villes de France « ces prochaines semaines ».

La possibilité de signaler un conjoint violent en pharmacie

Le gouvernement et l’Ordre national des pharmaciens ont décidé de faire des pharmacies des lieux où il est possible de donner l’alerte.

« Dans la pharmacie, au moment où la femme qui peut être battue se rend sans son mari, il faut qu’elle puisse donner l’alerte », a expliqué le ministre de l’Intérieur.

Un mot de passe « masque 19 » a également été instauré pour les cas sensibles. Le pharmacien doit alors immédiatement prévenir les forces de l’ordre.

Fuir ou déposer plainte est un motif de sortie valable

« Il n’est pas interdit de fuir », rappellent les associations d’aides aux victimes.

Les femmes victimes de violences « peuvent se sauver, elles peuvent fuir, elles peuvent appeler le 115 pour l’hébergement », a insisté Marie-Pierre Badré, la présidente de l’observatoire des violences faites aux femmes à Franceinfo.

Il est également possible de se rendre au commissariat pour porter plainte. Les juridictions qui sont chargées des violences conjugales sont toujours ouvertes et les hommes violents peuvent toujours être condamnés en comparution immédiate. « Non ! Les dispositifs de l’État ne sont pas mis sur pause, ils sont même renforcés », a insisté Marlène Schiappa.