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Des péages urbains pourront être mis en place dans les villes de plus de 100 000 habitants

À l’heure où la prise de mesures drastiques pour préserver l’environnement est plus que nécessaire, le projet de loi sur l’orientation des mobilités qui sera présenté en Conseil des ministres dans 1 mois devrait contenir la possibilité pour les élus locaux de mettre en place un système de péage urbain pour limiter l’accès au centre-ville des grandes agglomérations. Qu’en est-il ?
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Payer un droit d’entrée pour pouvoir circuler dans les centres-ville des grandes agglomérations, c’est la possibilité que le gouvernement va donner aux élus des villes de plus de 100 000 habitants. Ce système de péage urbain a déjà été mis en place dans certaines grandes villes européennes comme à Londres, à Milan ou à Stockholm. Quels en sont les avantages ? Les Français sont-ils prêts à payer pour circuler en ville en voiture ?

Des péages urbains pourront être mis en place dans les villes de plus de 100 000 habitants

Des centres-ville décongestionnés et moins d’émissions de CO2

« À Londres, on a vu que les personnes qui avaient absolument les moyens et qui sont addicts à leur voiture préfèrent payer très cher, mais continuer à utiliser leur véhicule. On n’a pas réglé la question de la pollution. Dans d’autres villes, cela marche. À Milan ou à Stockholm, ce sont des dispositifs qui fonctionnent parce qu’on a mis en place des péages intelligents », a déclaré la députée écologiste Karima Delli.

De son côté, François de Rugy, le nouveau ministre de l’Écologie a affirmé que « les Suédois l’ont validé [le péage urbain] (le 1er août 2007) et il y a même eu un référendum, mais au bout de plusieurs années. Ce qui est assez intelligent d’ailleurs puisque les Suédois avaient le choix. Ils ont obtenu des résultats ».

Culpabilisation du citoyen et image d’une écologie punitive

Une grande majorité de Français est sensible aux arguments écologiques et souhaiterait respirer de l’air moins pollué. Mais beaucoup s’indignent de voir systématiquement des taxes mises en place et pas de solutions de substitution viables.

Avec l’augmentation des taxes sur les carburants et donc du prix de l’essence et du diesel à la pompe, la mise en place de péages urbains serait vécue comme une mesure punitive de plus pour ceux qui n’ont pas vraiment le choix que d’utiliser leur véhicule personnel pour leurs déplacements.

Cette mesure « ne doit surtout pas pénaliser tous les citoyens », affirme Karima Delli. Les citoyens veulent « comprendre où va leur argent » et être sûrs qu’il est investi dans des projets écologiques. Elle déclare par ailleurs que « ce dispositif ne peut pas être la seule solution à la lutte contre la pollution ».

Les élus locaux décideront

« Un certain nombre de choses ont été réclamées par les élus locaux, et notamment la question du péage urbain », a expliqué François de Rugy. « Il y aura des possibilités, des limites. C’est-à-dire qu’on ne pourra pas dépasser un certain niveau de péage et ensuite les élus locaux décideront ».

« Deux euros et demi par véhicule par jour dans une ville de plus de 100 000 habitants, c’est le plafond qui sera sans doute débattu », a-t-il également indiqué. Mais ce montant de base pourrait être plus élevé dans certains cas : « 5 euros dans les villes de plus de 500 000 habitants et 10 euros maximums pour les poids lourds ». Il précise également que « les lois Grenelle ont déjà autorisé le péage urbain il y a une dizaine d’années, mais elles n’avaient pas prévu les conditions, ce qui fait que les élus intéressés in fine n’ont pas pu le mettre en place ».

Les véhicules de secours ainsi que les ambulances devraient bénéficier de la gratuité de circulation tandis que les résidents des centres-ville et ceux qui y travaillent pourraient bénéficier de tarifs réduits.

« Jusqu’à présent, il n’y avait pas de cadre clair, de plafond. C’est la première fois depuis 1982, ce n’est pas tous les jours, que l’on fait une loi d’orientation sur les transports en France. Il y aura énormément de mesures. »

Pour le moment, Paris, Toulouse et Marseille seraient contre l’instauration d’un péage urbain. Le projet de loi sera dans un premier temps présenté au Conseil des ministres d’ici un mois, puis en janvier ou février prochain devant le Parlement.