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Intelligence artificielle : Emmanuel Macron présente son plan lors du Sommet AI For Humanity

L’intelligence artificielle représente un véritable enjeu au niveau économique, éthique et sociétal. Au sommet sur l’Intelligence artificielle du 29 mars 2018, le président de la République a insisté sur sa volonté de faire de la France une grande nation de l’IA.
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Jeudi 29 mars 2018 a eu lieu le Sommet sur l’intelligence artificielle, AI For Humanity, au Collège de France. Ce fut l’occasion pour le président de la République de dévoiler son plan pour l’intelligence artificielle. Le point sur ses déclarations.

Intelligence artificielle : Emmanuel Macron présente son plan lors du Sommet AI For Humanity


Faire de la France un des leaders mondiaux dans le domaine de l’IA (Intelligence Artificielle)

« Je souhaite que la France soit l’un des leaders de cette intelligence artificielle, que l’Europe soit l’un des leaders, nous en avons les moyens et nous allons en créer les conditions », a déclaré le chef de l’État.

« Donc je ferai tout pour que nous réussissions, que nous soyons dans l’excellence de la formation de la recherche et l’excellence économique et industrielle » a-t-il ajouté.

Le plan du gouvernement prévoit l’investissement de 1,5 milliard d’euros d’ici 2022 pour permettre à la France de ne pas se laisser distancer à la course à l’IA, jusqu’à présent largement dominée par les Chinois et les Américains qui investissent chaque année des sommes colossales pour rester à la pointe de l’innovation.

Créer « un hub de recherche de niveau mondial en IA »

L’un des principaux enjeux pour la France est de former de nouveaux talents, d’où le souhait du président de permettre le « doublement des capacités de formations en IA », notamment au sein d’un réseau d’instituts dédiés à l’IA qui devrait bientôt voir le jour, et qui sera coordonné par l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique).

Pour remédier à la fuite des cerveaux vers l’étranger, principalement de jeunes talents attirés par de meilleures conditions salariales et des investissements plus importants outre Atlantique, Emmanuel Macron souhaite « augmenter la porosité entre la recherche publique et le monde industriel ». Grâce à cela, les chercheurs français pourront à terme consacrer 50 % de leur temps à un groupe privé, contre les 20 % auxquels ils ont droit aujourd’hui. Comme la proposition de doubler le salaire des chercheurs du rapport de Cédric Villani ne sera pas suivie, cette mesure pourrait toutefois permettre d’augmenter un peu leur rémunération dans le public.

Plusieurs grands groupes étrangers ont annoncé des investissements en France

Le président de la République s’est aussi félicité de l’implantation de plusieurs entreprises leaders en France. Le Sud-Coréen Samsung va installer à Paris son troisième plus grand centre de recherche mondial dédié à l’intelligence artificielle qui devrait embaucher une centaine de chercheurs, le japonais Fujitsu implantera également son grand centre de recherche en IA européen sur notre territoire, ainsi que Deepmind de Google. Facebook, lui, a déjà un centre de recherche en IA en France depuis 2015.

Microsoft de son côté, a annoncé le déblocage de 30 millions de dollars sur 3 ans pour la création d’Impact IA, en partenariat avec des entreprises, comme Engie, Orange, Air France-KLM et SNCF, et de start-up partenaires de Microsoft, à l’image de Craft AI et DCbrain, pour réfléchir sur les enjeux éthiques et sociaux de l’intelligence artificielle (neutralité des algorithmes, diversité et inclusion…) et son impact sur le quotidien des Français en matière de santé, de mobilité, d’énergie, d’environnement ou encore d’alimentation.

Ce projet devrait s’accompagner du lancement de Compétences IA, un programme qui vise à développer les compétences numériques en France (intelligence artificielle, cloud, code…). Celui-ci reposera sur une plateforme en ligne dédiée à l’orientation de tous les publics vers des formations numériques adaptées à leurs besoins, avec un objectif annoncé de 400 000 personnes formées en 3 ans et la création de 30 000 nouveaux emplois.


Un des points forts de la France : sa base de données médicales

Il va être difficile pour la France de rivaliser avec certaines autres grandes nations qui ont de l’avance sur le numérique et l’intelligence artificielle. Une des clés du succès en la matière est de posséder d’énormes bases de données et nous n’avons pas de géant du net comme Google, Baidu, Facebook ou Samsung, ce qui représente un certain handicap.

Emmanuel Macron souhaite que l’effort soit fourni dans ce qui constitue déjà le point fort de la France : elle possède beaucoup de datas dans des domaines tels que l’automobile, l’énergie, la cybersécurité ou l’aéronautique et pourrait tirer son épingle du jeu en se spécialisant dans l’IA liée à ces domaines.

Une autre particularité française très intéressante est « la base de données de l’assurance-maladie ou encore celle des hôpitaux [qui] comptent parmi les plus larges du monde ». L’Élysée a donc annoncé la création d’un « Health Data Hub », une « structure partenariale entre producteurs et utilisateurs des données [qui] pilotera l’enrichissement continu et la valorisation du système national des données de santé, pour y inclure à terme l’ensemble des données remboursées par l’assurance-maladie, les données cliniques des hôpitaux, des données de la médecine de ville et des données scientifiques issues de cohortes ».

En partageant ces données de façon confidentielle et sécurisée avec les acteurs de l’IA, le gouvernement espère développer des « innovations majeures », par exemple dans la prévention et le traitement des cancers ou la détection précoce de certains problèmes de santé, ce qui dans le futur, permettrait à l’État de faire beaucoup d’économies en matière de Santé.

Le président de la République a également conscience des enjeux sociétaux et éthiques du développement de l’IA, c’est pourquoi il souhaite aussi voir la création d’un groupe d’expert international qui sera chargé de mener une réflexion sur ces impacts éthiques et peut être de définir certaines limites.