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La loi Blanquer ne prévoit pas la fin des écoles maternelles ni des primaires

De fausses rumeurs et des interprétations fantaisistes circulent à propos du projet de loi « pour une école de confiance » défendu par le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, provoquant de vraies mobilisations… parfois inappropriées. Un point sur la situation.
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Le projet de loi « pour une école de confiance » défendu par Jean-Michel Blanquer est vivement critiqué depuis des mois par l’opposition et certains enseignants. Récemment, le débat a pris une autre dimension depuis qu’il est alimenté par des fake news qui diffusent l’idée, entre autres, que les écoles maternelles et primaires vont fermer, suscitant mobilisations des parents d’élèves et grèves des enseignants.

La loi Blanquer ne prévoit pas la fin des écoles maternelles ni des primaires

De folles rumeurs circulent sur les réseaux sociaux et via des tracts non signés

Des tracts circulent, ensuite relayés sur les réseaux sociaux, affirmant que l’école maternelle pourrait bientôt disparaitre si le projet de loi « pour une école de confiance » est voté.

Sur un document partagé de nombreuses fois sur Facebook, on peut lire « [La] création de jardins d’enfants pour les enfants de 3 à 5 ans [va entraîner la] disparition de l’école maternelle » ou encore que les « écoles maternelles et élémentaires deviendront des annexes de collège ».

Des propos qui se révèlent être exagérés et qui relèvent peut-être d’une mauvaise interprétation — volontaire ou non — du texte de projet de loi Blanquer.

Les parents d’élèves et les enseignants se mobilisent

Résultat de ces fausses rumeurs : des parents et enseignants sur le pied de guerre qui se mobilisent. Certains parents ont même retiré leur progéniture de l’école lundi dernier (le 25 mars) en signe de protestation lors d’une journée « école morte ». La raison invoquée ? « Nos écoles maternelles vont être transformées en jardins d’enfants », comme l’ont indiqué plusieurs parents d’élèves qui participent à cette mobilisation.

Beaucoup s’opposent au nouveau projet de loi Blanquer pour des raisons multiples et variées, mais comme le reconnaît Rodrigo Arenas, le président de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves), « on voit circuler des tracts non signés avec des choses fausses dessus. Mais il n’y a pas d’ambiguïté sur les maternelles », il s’agit purement et simplement d’une fausse allégation, ce que confirme également le Snuipp (Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des Écoles) qui lui aussi s’oppose fermement au texte de loi.

Une mauvaise interprétation du projet de loi « pour une école de confiance »

La raison principale de ce malentendu : l’article 4 bis qui a récemment été ajouté au projet de loi par amendement et qui prévoit que « l’instruction obligatoire peut, au cours des années scolaires 2019-2020 et 2020‐2021, être donnée aux enfants âgés de trois à six ans dans un établissement d’accueil collectif recevant exclusivement des enfants âgés de plus de deux ans dit “jardin d’enfants” ». Et ce, exceptionnellement et pour une durée limitée.

En effet, comme l’a précisé le ministère de l’Éducation au journal 20 minutes « actuellement, les jardins d’enfants vont jusqu’à l’âge de 6 ans : avec l’abaissement de l’âge de la scolarité obligatoire à 3 ans, prévu dans le texte, ils ne pourront plus accueillir d’enfants au-delà de cet âge. Nous mettons donc en place deux ans de période transitoire, jusqu’en 2021, pour donner le temps aux jardins d’enfants de se mettre en conformité avec la loi. »

Cette période transitoire permettra aussi aux jardins d’enfants d’anticiper une baisse du nombre d’inscrits qui iront désormais à l’école maternelle. « Il s’agit bien d’une mesure provisoire, comme le précise l’article », insiste le ministère. Il précise que cette mesure est surtout destinée à quelque 10 000 enfants localisés principalement à Paris et à Strasbourg.

Il ne s’agit pas du tout, comme certains l’ont affirmé, d’une disparition prochaine des maternelles au profit de jardins d’enfants sans enseignants.


Pas non plus de transformation des primaires en « annexes de collèges »

« C’est une folle rumeur qui fait référence aux établissements publics de savoirs fondamentaux, qui sont bien prévus dans le projet de loi, mais ne sont pas du tout obligatoires. Il s’agit d’une expérimentation pour regrouper école et collège dans des cas spécifiques, pour renforcer la synergie entre les deux et la continuité scolaire des élèves », s’est défendu le ministère de l’Éducation.

« Ils doivent être lancés à l’initiative des collectivités, ce qui nécessite donc l’accord de la mairie comme du conseil départemental, et ça n’entraîne pas la suppression du directeur d’école, puisqu’il y aura toujours un chef d’établissement et un chef du premier degré », a-t-il été précisé.