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Le GBL, un produit industriel dangereux devenu drogue à la mode

Vous connaissez probablement le GHB également appelé « drogue des violeurs ». Depuis plusieurs mois, le GBL, une substance proche, circule dans les boîtes de nuit et soirées privées. Le point sur cette drogue qui s’étend chez les jeunes.
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Depuis la fin 2017, plusieurs cas de comas parfois mortels suite à l’absorption de GBL ont été relayés par les médias. Ce produit s’est progressivement substitué au GHB à partir de 2006 en raison de sa facilité d’accès via Internet et de son faible coût.

Le GBL, un produit industriel dangereux devenu drogue à la mode


Le GBL, un liquide toxique inscrit sur la liste des produits surveillés

À l’origine, le GBL (gamma-butyrolactone) est un solvant industriel utilisé pour nettoyer les jantes des voitures. Il peut aussi servir d’adjuvant pour la teinture, de décapant pour émail ou encore pour enlever la peinture et la colle. Mais depuis quelques années, son usage est détourné à des fins récréatives.

Un arrêté du ministère de la Santé publié en septembre 2011 interdit la vente et la cession de ce produit au public en tant que matière première, mais aussi des produits manufacturés qui en contiennent plus de 10 % et/ou un volume de plus de 100 ml. La vente de GBL au public est désormais punie de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

Quels sont les effets du GBL ?

Aujourd’hui, les consommateurs utilisent le GBL pour ses propriétés désinhibantes. Une fois dilué puis avalé, le GBL est transformé en GHB par l’organisme. Le GBL rend amnésique et est utilisé par certains violeurs pour abuser de leur victime. Les consommateurs apprécient notamment les effets forts et rapides de cette drogue. Le GBL entraîne ainsi les mêmes effets que le GHB même si ceux-ci apparaissent plus progressivement et durent plus longtemps.

Concrètement, une personne qui consomme du GBL ressent de l’excitation et son désir sexuel est décuplé. Toutefois et comme c’est souvent le cas, plusieurs consommateurs veulent dépasser leurs limites. Lorsqu’il est mélangé avec l’alcool, ce solvant devient alors un dépresseur respiratoire et un stade non-retour est atteint également appelé « G-hole » entraînant très souvent des comas qui peuvent aboutir au décès. Contrairement aux idées reçues, il est très simple de se procurer cette substance. Il suffit de taper GBL sur Internet pour recevoir une bouteille chez soi. De plus, son prix est dérisoire, environ 20 euros pour une centaine de doses.

Les jeunes, principaux consommateurs de GBL

Depuis plus de deux ans, le GBL et le GHB connaissent une nouvelle diffusion dans les clubs et discothèques, selon l’Ofdt (Office français des drogues et des toxicomanies). Leur usage concerne essentiellement une population mixte et de plus en plus jeune (17-25 ans). À cela s’ajoutent les nouveaux usagers qui n’ont qu’une faible connaissance du produit et des risques associés. Depuis 2014, les cas de comas liés à la consommation de GHB/GBL ont fortement augmenté, notamment à Paris. La proportion a doublé entre 2014 et 2017 pour atteindre une quarantaine de cas l’année dernière, des chiffres qui inquiètent les professionnels organisateurs de soirées.

Dernièrement, le 16 avril 2018, Michel Delpuech, préfet de police de Paris, s’est engagé à « limiter la vente de ces produits ou leur accès facile, notamment par Internet » et, plus globalement à sensibiliser le public aux risques de ces substances. Toutefois, pour Christophe Vix-Gras, porte-parole du groupe de réflexion Action Nuit, les fêtards qui consomment cette drogue préfèrent les soirées privées aux boîtes de nuit traditionnelles ce qui rend la prévention plus difficile. Les addictologues soulignent quant à eux que le principal danger à venir est la banalisation.