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Les gilets jaunes lancent « Le Vrai Débat » : leur propre plateforme de consultation en ligne

Depuis mercredi 30 janvier 2019, les gilets jaunes ont ouvert leur propre plateforme en ligne, une plateforme de consultation nationale qui permet à chaque citoyen de s’exprimer. Similaire dans son fonctionnement à celle du « Grand débat national », elle permet de garantir, selon eux, la neutralité et la transparence des débats et des propositions. Un point sur cette information.
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Depuis sa mise en ligne le 15 janvier 2019, la plateforme de l’État le « Grand débat national » est régulièrement montré du doigt pour son manque de neutralité, l’impossibilité pour les citoyens de s’exprimer sur tous les sujets ou encore l’obligation de répondre à un questionnaire avant de pouvoir faire une proposition. Pour permettre ce qu’ils considèrent comme un vrai débat démocratique, les gilets jaunes ont ouvert leur propre plateforme, « le Vrai Débat ». Un point sur la situation.

Les gilets jaunes lancent « Le Vrai Débat » : leur propre plateforme de consultation en ligne

Le logiciel utilisé est le même pour les deux plateformes

Fait assez inattendu, la société Cap Collectif, qui a fourni à l’État le logiciel utilisé pour recueillir et traiter les propositions du « Grand Débat national », a souhaité mettre à disposition ce même outil aux gilets jaunes. « [Ils] ont dit, de toute façon, qu’ils n’iraient pas sur la plateforme du gouvernement », a expliqué Cyril Lage, le patron de la start-up. « Ce sont juste les principes et les valeurs que j’applique depuis la création de l’entreprise. On est agnostiques, on est là pour accompagner tout le monde, les décideurs ou les collectifs ».

Pour Lydie Coulon, une des administratrices du « Vrai Débat », « avoir le même logiciel que le gouvernement, cela nous permet d’être incontestables. Et nous, au moins, nous suivons les préconisations de la CNDP [la Commission nationale du Débat public] en matière de transparence et de neutralité ».

« Nous avons le même outil. C’est comme quand la bombe atomique était aux mains des Américains et des Russes », plaisante-t-elle. « La différence, c’est ce qu’il y a dedans. Nous faisons le vrai débat parce que ce que fait le gouvernement n’est pas un débat, c’est un questionnaire ».

Le « Grand Débat national » essuie de vives critiques

Depuis le lancement officiel du « Grand Débat national », les critiques pleuvent et pas seulement de la part des gilets jaunes comme cela était attendu.

Chantal Jouanno, la présidente de la CNDP a d’ailleurs vivement critiqué la façon de faire du gouvernement. Selon elle, la CNDP avait conçu une plateforme qui « était prête, sauf qu’en fait, ils ont tout refait », a-t-elle révélé sur LCI. « On n’avait pas prévu de faire une opération de communication, mais un grand débat, donc on avait prévu de faire une plateforme numérique totalement ouverte (...) où tout le monde pouvait échanger sur n’importe quel sujet ».

« Le principe d’un débat public, ce n’est pas de poser des questions aux Français, c’est les Français qui vous posent des questions, c’est eux qui s’expriment, c’est eux qui disent ce qui leur tient à cœur », a-t-elle ajouté.

Qu’est-ce qui différencie les deux sites ?

Tout d’abord, les thèmes abordés. Tandis que le site officiel du gouvernement propose 4 thèmes (transition écologique, dépenses publiques et fiscalité, démocratie et citoyenneté, organisation de l’État et des services publics), « le Vrai Débat » des gilets jaunes a ajouté des thèmes comme « Démocratie et Institutions », « Justice, Police, Armée », « Santé, Solidarité, Handicap » et surtout une partie « Expression Libre » ou chacun est libre de faire des propositions sur n’importe quel sujet.

Une autre différence de taille, c’est la façon dont chaque citoyen fait sa proposition. Là où le site du gouvernement impose de passer par une série de questions, le site des gilets jaunes est beaucoup plus permissif. La soumission d’une proposition est grandement facilitée, on peut y ajouter les bénéfices supposés, et des liens vers des sources externes. Une fois que la proposition est en ligne, tout citoyen inscrit sur le site peut voter pour ou contre la proposition et émettre des arguments qui seront visibles par les autres utilisateurs. Une telle interaction n’a pas été rendue possible sur la plateforme de l’État.


Recueil des propositions, traitement des données

La plateforme « le Vrai Débat » des gilets jaunes recueillera les propositions des citoyens jusqu’au 3 mars, tandis que celle du « Grand Débat national » sera ouverte aux doléances jusqu’au 15 mars.

Ensuite, les propositions devront être analysées et organisées. Celles du « Vrai débat » seront traitées par des personnalités « indépendantes », notamment « des chercheurs et des universitaires », apprend-on sur le site. Suite à cela, des « conférences citoyennes » auront lieu entre le 18 et le 24 mars dans 9 villes (Bordeaux, Bourges, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Nantes, Paris, Toulouse), avec des participants systématiquement tirés au sort qui auront pour mission de débattre sur les propositions les plus plébiscitées du site.

Le gouvernement a nommé un « collège de garants » (Isabelle Falque-Pierrotin et Jean-Paul Bailly, Guy Canivet, Pascal Perrineau et Nadia Bellaoui) pour « garantir l’indépendance du grand débat ». Ce sont eux qui auront la tâche de veiller « à la régularité de la méthode et à celle des travaux d’analyse et de synthèse des contributions recueillies ».

Gouvernement et gilets jaunes se sont engagés à rendre tous les résultats de ces débats publics.