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86 % du poisson vendu en grande surface est issu d'une pêche non durable selon l'UFC Que Choisir

L’UFC Que Choisir a enquêté sur l’origine du poisson vendu en supermarché. Est-il issu de filières de pêche durables ? En tant que consommateur, peut-on se fier à l’étiquetage ?
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Dans une enquête récente, l’association de consommateurs UFC Que Choisir dénonce des étiquetages fantaisistes ou trop vagues pour les poissons vendus en supermarché. Selon eux, 86 % des poissons vendus en grande surface ne sont pas issus de filières durables et participent ainsi à l’épuisement des stocks de poissons européens.

86 % du poisson vendu en grande surface est issu d’une pêche non durable selon l’UFC Que Choisir

1 134 poissonneries de supermarchés passées au crible

86 % des poissons vendus en grande surface sont issus de filières non durables. Cependant, « 88 % des stocks de poissons européens sont actuellement surexploités ou voient leur capacité à se reconstituer menacée, induisant dès lors un risque d’effondrement des stocks pour des espèces particulièrement menacées telles que le bar » exposait Que Choisir dans un communiqué.

Pour cette raison, l’association a souhaité réaliser une enquête début 2018 auprès de 1 134 poissonneries de grandes surfaces. Celles-ci ont été passées au crible pour vérifier la durabilité des filières d’approvisionnement d’une part, et d’autre part le respect des mentions sur l’étiquetage du poisson vendu.

Les conclusions de l’enquête sont édifiantes : « Le résultat est malheureusement tristement sans appel : la grande distribution n’a aucune politique d’approvisionnement durable pour les 3 espèces étudiées » (le bar, la sole et le cabillaud), a fait savoir l’association dans un communiqué.

L’étiquetage très souvent non conforme

Un sondage de l’institut de la mer Agrimer datant de septembre 2018 montrait que les trois quarts des achats de poisson et de fruits de mer des Français étaient effectués en grande surface, participant de ce fait à la surexploitation des stocks de poissons et à la surpêche.

Ajouté à cela, sur l’étiquetage de 2 poissons sur 3 figurent des mentions « absentes, fantaisistes ou trop vagues » qui ne permettent pas aux consommateurs de savoir vraiment ce qu’ils achètent.

Selon l’UFC Que Choisir, c’est chez Intermarché qu’ont été relevées le plus d’irrégularités « avec plus de 3 poissons sur 4 mal étiquetés ». Chez Système U 76 % des étiquetages sont « non conformes », et 67 % chez Leclerc.

En cause par exemple, la provenance trop vague de la pêche « Méditerranée » ou « Atlantique » qui ne donne aucune indication claire sur la zone maritime de pêche et qui ne permet donc pas de savoir si le poisson provient « de stocks surexploités ».

L’association demande plus de contrôles des autorités

Au vu des résultats de leur enquête, l’association UFC Que Choisir a alerté les autorités. Elle demande aux ministres européens de la Pêche la mise en place de quotas en s’appuyant « strictement sur les recommandations émises par les experts du Conseil international pour l’exploration de la mer » et que « l’étiquetage réglementaire intègre un indicateur explicite de la durabilité du poisson ».

L’association a par ailleurs saisi la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) pour qu’elle réalise des contrôles sur les mentions légales et obligatoires devant figurer sur les étiquetages des produits de la mer.


Réactions du comité national des pêches

Au lendemain de la publication de l’enquête, le CNPMEM (Comité national des pêches maritimes et des élevages marins) répond à l’UFC Que Choisir au travers d’un communiqué de presse et entend rétablir la vérité.

Cette étude « contient des informations erronées, voire mensongères », a affirmé le comité. Elle comporte en effet des « affirmations n’ayant fait l’objet d’aucune vérification ni auprès d’instances officielles telles que le ministère de l’Agriculture en charge de la pêche, l’Ifremer, ni même auprès du comité national des pêches et de ses composantes telles les fédérations d’organisations de producteurs ».

Le comité reproche notamment à l’UFC d’affirmer que 86 % des poissons vendus dans les supermarchés enquêtés ne seraient pas issus de la pêche durable et « d’extrapoler à partir de 33 % d’étiquettes exploitables concernant 3 espèces, que 86 % des étals de GMS (Grandes et moyennes surfaces) seraient non-durables ». Les 3 espèces de poissons étudiées ne représenteraient qu’une « fraction minoritaire de la consommation ».

Il assure par ailleurs que « la durabilité des méthodes de pêche tient compte de l’espèce ciblée et de la zone de pêche ». Ainsi, « il est faux de classer les engins de pêche selon 4 catégories de durabilité (méthodes tout à fait durables, méthodes assez durables, méthodes peu durables, méthodes pas du tout durables) ».