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Des sages-femmes demandent le droit de pratiquer l'IVG par aspiration

Dans une tribune publiée dimanche 30 septembre dans Le Parisien, des sages-femmes, soutenues par un collectif de santé demandent à pouvoir effectuer des IVG par aspiration, un acte que seuls les médecins peuvent réaliser pour l’instant. Un point sur la situation.
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Pour les femmes qui choisissent de pratiquer une IVG (Interruption volontaire de grossesse), il existe deux méthodes : l’IVG médicamenteuse qui consiste à prendre un médicament et l’IVG par aspiration, réalisée par le biais d’un acte instrumental. Aujourd’hui, seuls les médecins sont autorisés à pratiquer cette deuxième méthode. Dans une tribune publiée dimanche 30 septembre dans Le Parisien, les sages-femmes, à travers l’ANSFO (Association nationale des sages-femmes orthogénistes) et le RSSP (Réseau de santé sexuelle publique), souhaitent voir leur champ de compétence élargi et demandent à pouvoir réaliser, elles aussi, les IVG par aspiration. Qu’en est-il ?

Des sages-femmes demandent le droit de pratiquer l’IVG par aspiration

« Pour que le droit de choisir la méthode soit réellement effectif »

« Ces vingt dernières années, la répartition entre les IVG médicamenteuses et instrumentales s’est inversée. En 1990, les IVG instrumentales représentaient 90 % de l’ensemble des IVG, contre 36 % en 2016. Le Code de la santé publique garantit la liberté pour les femmes de choisir entre les deux. Il est donc indispensable que la France compte suffisamment de praticien.ne.s afin de pratiquer des IVG instrumentales », plaide le collectif de sages-femmes.

« Le déséquilibre actuel de l’offre de soins met en danger la liberté pour les femmes de choisir leur méthode d’IVG. Il s’explique notamment par les nombreux départs en retraite des médecins engagés depuis des années auprès des femmes et la fermeture de nombreux centres d’interruption volontaire de grossesse durant les dix dernières années » ont également ajouté les praticiennes dans leur tribune.

Élargir le champ de compétence des sages-femmes permettrait ainsi de garantir « le droit de choisir la méthode » pour chaque femme qui désire interrompre sa grossesse.

Les sages-femmes déjà habilitées à proposer l’IVG médicamenteuse depuis 2016

Pour les sages-femmes qui sont déjà habilitées à pratiquer l’IVG médicamenteuse depuis 2016, pouvoir proposer à leur patiente l’IVG par aspiration parait logique. C’est pourquoi elles ont « entamé depuis un an des démarches en ce sens auprès du ministère de la Santé et des Solidarités et de différents parlementaires afin qu’une loi puisse être votée ».

Pour ceux qui seraient inquiets de la légitimité des sages-femmes à pratiquer l’IVG instrumentale, elles rappellent dans leur tribune qu’elles pratiquent déjà « l’épisiotomie, la suture du périnée ou le retrait d’implant » et que « l’IVG — médicamenteuse ou instrumentale — n’est pas un acte relevant de la pathologie gynécologique, elle est de fait de la compétence des sages-femmes ».

Une demande soutenue par les associations et la majorité des sages-femmes

« Donner la compétence aux sages-femmes » de pratiquer l’IVG instrumentale « en milieu hospitalier, en centre de santé et en CEPF permet la liberté de choix (...), la réduction des inégalités d’accès aux soins (...) et enfin la réduction des coûts engagés par la collectivité », concluent les deux collectifs, qui sont soutenus par l’ACRNAP (Association des centres de régulation des naissances AP-HP), l’ANCIC (Association nationale des centres d’IVG et de contraception), l’ANSFT (Association nationale des sages-femmes territoriales), l’ONSSF (Organisation nationale et syndicale des sages-femmes), l’UNSSF (Union nationale et syndicale des sages-femmes), ou encore le Planning familial.

Pour soutenir ces actions, une pétition à destination des médecins a été diffusée. Les citoyennes et citoyens sont par ailleurs invités à donner leur avis via un questionnaire en ligne.