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Emmanuel Macron plaide pour une « renaissance » de l'Europe

À moins de 3 mois des élections européennes (qui se dérouleront le 26 mai prochain), le président français souhaite voir l’Europe renaître autour des notions de liberté, de protection et de progrès. Ces valeurs qu’il considère au fondement de la construction européenne lui paraissent aujourd’hui en danger.
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Au sein d’une tribune publiée dans plusieurs quotidiens européens et mise en ligne sur le site de l’Élysée, Emmanuel Macron présente sa vision pour l’avenir de l’Europe. Il désire notamment que soit lancée, avant la fin de l’année, une Conférence pour l’Europe. Cette dernière aurait pour but d’instaurer un dialogue entre les différents membres de l’Union européenne afin de retrouver l’esprit qui a présidé à sa création et de mettre en place des mesures concrètes allant dans ce sens.

Emmanuel Macron plaide pour une « renaissance » de l’Europe

Une Europe en danger

Dès les premières phrases de sa lettre, le président de la République estime qu’il y a « urgence » à agir. L’Union européenne lui paraît être devant un danger qui n’a jamais eu d’équivalent depuis les origines de sa construction après la Seconde Guerre mondiale. Ce danger, c’est le « repli nationaliste » et donc à terme, la dislocation de l’UE et le maintien de la paix en son sein.

Le Brexit symbolise à ses yeux ce danger. Défendu par les partisans d’un « rejet — de l’UE — sans projet » viable derrière, Emmanuel Macron considère que l’on a menti aux Britanniques. On ne les a pas tenus informés de l’avenir d’un Royaume-Uni isolé face aux superpuissances mondiales, puis on n’a pas anticipé la crise que cette sortie de l’UE pouvait produire avec l’Irlande.

Emmanuel Macron plaide donc pour une renaissance de l’Europe autour de ses valeurs fondatrices, face à un marché qu’il juge utile, mais insuffisant pour établir un destin commun. Les valeurs qu’il met en avant sont celles de liberté, de protection et de progrès, auxquelles il entend faire correspondre des mesures concrètes pour les préserver, voire les faire renaître.

Une priorité : la liberté démocratique

Valeur qui est à l’origine de la modernité européenne, la liberté démocratique semble être menacée pour le président français. Plusieurs menaces pèsent sur elle : les cyberattaques, la manipulation des votes, le financement des partis par des puissances étrangères.

Ainsi, il souhaite la création d’une Agence européenne de protection des démocraties composée d’experts dont la tâche serait de contrôler l’ensemble du processus électoral. Il aimerait par ailleurs bannir les discours de haine propagés sur Internet avec des règles communes à toute l’Europe.

« La frontière, c’est la liberté en sécurité »

La valeur de protection avancée par le président consiste à protéger cette liberté — qu’il considère si caractéristique de l’Europe — par la mise en place de systèmes européens qui mettent au centre la notion de frontière.

C’est la frontière extérieure de l’Europe qu’Emmanuel Macron souhaite voir protégée de manière uniforme par tous les pays membres de l’UE, frontière qui concerne aussi bien le domaine politique que les domaines économique et social.

Il propose ainsi pour le volet politique l’instauration d’un Conseil européen de sécurité intérieur supervisant un office européen de l’asile ainsi qu’une police des frontières commune. Ces différents organismes auraient pour but de contrôler les entrées sur le continent, mais aussi d’avoir une politique d’asile unifiée. Il souhaite par ailleurs la rédaction d’un traité de défense et de sécurité pour construire davantage une défense commune.

S’agissant des volets économique et social, la notion de frontière fait qu’Emmanuel Macron recommande la mise en œuvre d’une juste concurrence, en sanctionnant les entreprises qui ne respectent pas les règles commerciales de l’Europe. Il plaide également pour la préférence européenne dans les industries stratégiques et les marchés publics, sur le modèle des deux superpuissances concurrentes, l’Amérique et la Chine.


« L’Europe entière est une avant-garde »

La notion de frontière concerne aussi la valeur de progrès. Le président désire que l’Europe renoue avec cette dernière en réclamant une harmonisation de la protection sociale ainsi qu’un projet européen de transition écologique.

Il imagine ainsi la création d’un bouclier social ayant pour but de garantir à chacun des travailleurs européens « la même rémunération sur le même lieu de travail », et évoque une idée qui a déjà quelques années, celle d’un salaire minimum européen.

Mais pour Emmanuel Macron, l’élément central du progrès européen doit être la transition écologique. Les institutions européennes existantes doivent ainsi selon lui avoir pour mot d’ordre : « le climat pour mandat ». Il souhaite voir naître à côté de celles-ci une Banque européenne du climat destinée à financer la transition, une force sanitaire européenne pour contrôler les aliments ou encore une évaluation scientifique indépendante pour tester les substances dangereuses. L’objectif — ambitieux — qu’il fixe pour résorber la dette climatique est le suivant : 0 carbone en 2050 et une division par 2 des pesticides en 2025.

Outre les progrès sociaux et environnementaux, le président considère qu’il faut poursuivre le mouvement de progrès technologiques en régulant toutefois mieux l’activité des géants du numérique qui y participent.

L’objectif des élections européennes

Si l’entourage du président considère que cette tribune n’est « pas un manifeste de campagne », l’insistance — en début et fin de lettre — du chef de l’État sur le rôle décisif des élections européennes et sur le choix d’orientation qu’il propose aux citoyens, y ressemble beaucoup.

En rappelant le contexte historique de création de l’Europe, et notamment le projet fondateur d’instituer la paix après deux guerres mondiales qui ont ravagé le continent, Emmanuel Macron rappelle l’importance que peuvent revêtir ces élections dans le choix d’une destinée commune aux différents membres de l’UE.

Le président français propose dans cette tribune différentes solutions pour aller vers ce qu’il estime devoir être une renaissance de l’Europe. La solution qui surpasse les autres étant le lancement avant la fin 2019 d’une Conférence pour l’Europe.

C’est en effet au sein d’une telle Conférence — qui selon ses dires, réunirait citoyens européens, universitaires, partenaires sociaux, etc. — qu’Emmanuel Macron attend l’essor de réponses communes pour refonder l’Europe. Nul doute que les solutions qu’il avance dans cette tribune susciteront des désaccords, tant les politiques migratoires ou fiscales peuvent différer d’un État membre à l’autre.

L’intégralité de la tribune publiée sur le site de l’Élysée.