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Engagements du ministre de l'Agriculture pour le bien-être des animaux d'élevage

Le ministre de l’Agriculture tient à rassurer les Français sur l’engagement de l’État pour l’amélioration du bien-être des animaux d’élevage, un sujet qui tient à cœur les Français. Un point sur ses déclarations et engagements.
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Au lendemain de la démission surprise du ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture, a présenté sa feuille de route pour améliorer le bien-être animal. Quels sont les mesures et engagements annoncés ?

Engagements du ministre de l’Agriculture pour le bien-être des animaux d’élevage

Les engagements du ministre de l’Agriculture concernant le bien-être animal

C’est en marge d’une visite dans les abattoirs de Puigrenier à Montluçon que Stéphane Travert a dévoilé sa feuille de route en 5 axes — innover, accompagner, former, contrôler et sanctionner — afin d’exposer comment un contrat d’engagements sur le bien-être animal sera passé entre tous les acteurs de la filière « avec le distributeur, l’abatteur et les éleveurs », a indiqué l’entourage du ministre.

« Nous avons pris des engagements avec la filière porcine », a déclaré M. Travert à propos de la castration des porcs. Il a parlé d’« un travail de longue haleine avec la filière pour trouver d’autres pratiques innovantes » et a précisé qu’un plan de sortie de la castration des porcs serait présenté d’ici la fin de l’année.

Les associations de défense des animaux dénoncent un « coup de com’ »

Pour la fondation Brigitte Bardot qui défend le droit des animaux, ce plan « est juste un coup de com après le tsunami Hulot, en utilisant opportunément le plan d’action “bien-être” animal 2016/2020 initié par Stéphane Le Foll ». Elle rappelle également que jusqu’ici le ministre « s’est opposé à tous les amendements favorables aux animaux d’élevage lors de l’étude du projet de loi Agriculture », il s’est entre autres opposé à l’installation de caméras de surveillance dans les abattoirs.

Dans la partie « innovation » de son plan d’action, le ministre de l’Agriculture a évoqué la création d’un centre de référence sur le bien-être animal piloté par l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), projet qui n’a rien de nouveau, car il avait été initié par le gouvernement précédent et mis en place fin 2017. Le ministre a expliqué que les recherches en cours devraient servir à améliorer les pratiques des professionnels de l’élevage, du transport et de l’abattage.

Vers la fin du broyage des poussins mâles ?

Stéphane Travert a également évoqué un partenariat avec une entreprise pour la création d’ici 2024, d’une nouvelle méthode qui permettrait de déterminer le sexe des poussins pour éviter qu’ils ne soient broyés vivants.

Cette sélection entre individus mâles et femelles permet aux industriels de ne garder que les futures poules pondeuses et d’assurer un maximum de rentabilité pour leur élevage.

« C’est une technique [le broyage des poussins mâles] qui existe aujourd’hui » « à laquelle il faut mettre fin ». « Nous avons engagé 4,3 millions d’euros avec une entreprise pour un dispositif qui permettra de faire du » sexage » (tri) à l’intérieur de l’œuf pour éliminer les poussins mâles, avant leur éclosion », a expliqué le ministre.

Mais pour les défenseurs de la cause animale, attendre 2024 alors qu’une technologie pouvant limiter la souffrance animale existe déjà ne fait pas l’effet d’une bonne nouvelle.

Toujours en ce qui concerne les élevages de poules industriels, M. Travert a rappelé l’engagement de la filière à réduire de 50 % la proportion d’œufs de poules issus d’élevages en cages d’ici à 2022.


Le transport des animaux d’élevage montré du doigt par les associations

« Transporter un animal, c’est veiller à son bien-être, à son chargement, dans le véhicule pendant les arrêts, et à son déchargement pour : respecter l’animal qui se trouve dans des conditions inhabituelles [et] respecter le travail de l’éleveur qui a veillé à son bien-être » peut-on lire sur le site du ministère de l’Agriculture.

Les associations de défense des animaux doutent toutefois des engagements du ministre à ce sujet. Agathe Gignoux, une porte-parole de l’association CIWF pour la défense des animaux d’élevage dénonce les pratiques de transport des animaux dont certains ont été vus « bloqués à la frontière turque, pendant dix jours, dans leur camion, sans eau, sans nourriture » cet été par des températures caniculaires. « Certains sont morts dans le camion », ajoute-t-elle.

Interpelé sur le sujet par le magazine 30 millions d’amis il y a quelque temps, le ministre de l’Agriculture avait décliné toute responsabilité, en rejetant la faute sur l’Espagne et la République tchèque, lorsque des bovins français avaient été retrouvés dans conditions sanitaires déplorables en Turquie.

Selon l’association CIWF, un nouveau convoi transportant 275 animaux d’élevage est bien parti fin août de la Loire vers Edirne en Turquie dans des conditions de températures « inadaptées » alors que la loi interdit le transport d’animaux lorsqu’il fait plus de 30 degrés (avec une tolérance de 5 degrés).

Le projet de loi agriculture et alimentation dont une partie traite du bien-être animal sera réexaminé à l’Assemblée à partir du 12 septembre 2018.