Passées À venir

Google porte atteinte à la vie privée de ses utilisateurs en conservant leur géolocalisation

Le respect de la vie privée n'est pas une priorité pour Google, qui stockerait les données de géolocalisation de ses utilisateurs même sans leur consentement. L’assignation en justice pour non-respect de la vie privée relance la polémique sur la protection des données sur internet et leur utilisation à des fins commerciales. Explications.
Sommaire

Une enquête d’Associated Press a révélé le 13 aout dernier que malgré la désactivation de l’option de géolocalisation, Google récolte et stocke des informations sur les lieux que vous visitez. De ce fait, une action en justice vient d’être engagée aux États-Unis contre le géant du web pour non-respect de la vie privée. Un point sur la situation.

Google porte atteinte à la vie privée de ses utilisateurs en conservant leur géolocalisation

Une étudiante américaine s’étonne de sa géolocalisation systématique

En mai 2018, une étudiante de Berkley, K.Shankari, a publié un article de blog intitulé « Le droit de ne pas être suivi : coup de projecteur sur le système de localisation de Google Maps et Android Localisation ».

Elle y décrit comment elle a découvert être « pistée » par Google, alors qu’elle avait désactivé l’option de la conservation de l’historique des déplacements, en faisant des courses. Alors que le système de localisation n’est pas activé, elle reçoit une notification lui demandant de laisser un avis sur le magasin où elle se trouve, et se demande pourquoi et comment Google a accès à l’endroit où elle se trouve et dans quelle mesure elle a pu consentir à l’utilisation de ces informations.

Sa thèse de doctorat portant sur la création d’un outil open source pour observer les déplacements de population par exemple dans le but d’améliorer la conception des villes, elle s’est intéressée de près au sujet et a commencé son enquête.

Après avoir relu attentivement les conditions d’utilisation (qui ont changé le 25 mai 2018 avec le RGPD), elle a essayé de comprendre comment cette technologie fonctionnait et comment les datas étaient collectées, elle comprend que Google n’utilise pas seulement les données GPS de nos téléphones, mais que la géolocalisation s’appuie aussi sur les adresses IP, le wifi ou certains capteurs présents dans les téléphones. Elle émet aussi l’hypothèse qu’il est impossible de couper tous les services Google utilisant la géolocalisation sans affecter les fonctionnalités propres du téléphone (lorsqu’il s’agit d’un Android).

L’article de K.Shankari a alors de nouveau soulevé des questions sur la protection de la vie privée et du consentement des utilisateurs concernant la géolocalisation.

Des recherches de l’université de Princeton confirment l’hypothèse

À la demande d’Associated Press, une organisation de presse indépendante, une enquête approfondie a été menée par le département de sciences informatiques de l’université de Princeton qui a confirmé les découvertes de l’étudiante de Berkley.

Les conclusions publiées dans un article le 13 aout 2018 indiquent que les téléphones Android et iPhone enregistrent des données de localisation même lorsque l’option « Historique de localisation » est désactivée.

Par exemple, une appli météo d’Android envoie des données assez grossières de localisations qui donnent quand même une bonne idée de l’endroit où vous vous trouvez, mais de façon plus surprenante, de simples recherches dans la barre de recherche Google comme « cookies aux pépites de chocolat » ou « kit de science pour enfants », qui n’ont rien à voir avec un lieu ou la situation géographique de l’utilisateur, permettent de récolter des informations précises sur l’endroit où l’on se trouve au mètre carré près et ces datas sont stockées par Google.

Un Californien engage une action en justice

Un habitant de Californie vient d’intenter une procédure judiciaire pour non-respect de la vie privée et compte bien obtenir des dommages et intérêts. Un statut de recours collectif a également été déposé pour représenter tous les utilisateurs américains d’iPhone ou d’Android dont les données de géolocalisation auraient été stockées sans leur consentement.

Le géant du web n’a pas communiqué pour le moment, mais a changé les termes de ses conditions d’utilisation qui stipulent désormais que même en désactivant l’historique des déplacements, des données de géolocalisation sont tout de même susceptibles d’être enregistrées par d’autres applications présentes dans le téléphone.

Des données toujours plus précises de géolocalisation servent à affiner les politiques marketing des entreprises, non seulement sur le web, mais aussi dans le monde physique. Par exemple, Google est en mesure de déterminer si un espace promotionnel fonctionne bien dans un magasin en analysant les données de géolocalisation des utilisateurs qui s’y trouvent ou y sont allés. Jusqu’où le géant d’internet ira-t-il dans l’invasion de la vie privée de ses utilisateurs pour pouvoir signer des contrats avec des entreprises commerciales ?