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Médecins du Monde alerte sur les difficultés d'accès aux soins des plus précaires

Médecins du monde vient de publier son rapport annuel pour 2017 à l’occasion de la Journée mondiale contre la misère. De nouveau, l’organisation alerte sur la difficulté pour les personnes précaires d’accéder aux soins médicaux. Qu’en est-il ?
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Médecins du Monde possède 15 centres de santé CASO (Centres d’accueil, de soin et d’orientation) sur le territoire français, lui donnant ainsi une vision claire du nombre de personnes qui ont des difficultés à accéder aux soins, de leur origine, de leur âge, de leurs problèmes de santé et de leurs conditions de vie. Un point sur le rapport de l’ONG.

Médecins du Monde alerte sur les difficultés d’accès aux soins des plus précaires

Les chiffres clés du rapport de Médecins du Monde pour 2017

24 338. C’est le nombre de personnes qui ont été « reçues, soignées, écoutées et accompagnées juridiquement » au sein des 15 centres de santé CASO que compte Médecins du Monde sur le territoire français.

« Il y a 3 grands groupes de pathologies : les pathologies de la rue (mal de dos, problèmes digestifs, cutanés, respiratoires), les maladies chroniques et les pathologies de santé mentale (dépression, syndromes post-traumatiques liés à la migration) », selon le directeur du centre Médecins du Monde de Saint Denis.

27 % des femmes enceintes reçues en centre de soin sont sans domicile fixe.
83 %
des personnes qui sont venues consulter « nécessitaient un suivi et/ou un traitement ». Et une majorité d’entre eux (87 %) ne possédaient pas de couverture santé lors de leur premier rendez-vous et vivent dans « des conditions d’extrême pauvreté ».

70 % des personnes qui consultent auprès de Médecins du Monde pourraient en fait disposer d’une couverture santé en raison de leur situation administrative qui leur en donne le droit. Toutefois, pour des raisons multiples comme la barrière de la langue, un parcours administratif pour faire valoir ses droits qui peut paraitre compliqué, et des « pratiques abusives des administrations » que dénonce Médecins du Monde, beaucoup n’en font pas systématiquement la demande.

1 700. C’est le nombre de mineurs non accompagnés qui se sont présentés au cours de l’année 2017 dans les CASO de Médecins du Monde. Leur proportion est en augmentation selon l’organisation, faute de pouvoir bénéficier d’un dispositif d’accueil adapté en France.

La situation des jeunes est particulièrement préoccupante

L’âge moyen des patients mineurs qui se présentent aux consultations est de 10 ans. Environ « un quart a moins de 5 ans ». Ils sont presque tous étrangers et la moitié d’entre eux viennent d’Afrique subsaharienne. Un tiers de ces très jeunes vit dans la rue.

Le nombre de mineurs non accompagnés ayant fait appel à Médecins du Monde pour recevoir des soins en 2017 a littéralement explosé. En 2016, ils étaient 600 et leur chiffre a plus que doublé en 1 an. En 2017, 1 700 mineurs non accompagnés, presque uniquement des jeunes garçons de 15 à 17 ans ont été accueillis par l’organisme. Ils viennent pour la plupart du Mali, de Côte d’Ivoire ou de Guinée.

Le directeur du centre Médecins du Monde de Saint Denis a particulièrement tenu à exposer ce problème lors d’une conférence de presse. Il dénonce un « climat de suspicion » et une « remise en cause » de la parole des jeunes qui essaient tant bien que mal de prouver qu’ils sont mineurs pour avoir accès à la protection des services de l’Enfance à leur arrivée en France. Pour Mr Bensimon, ces jeunes devraient pouvoir bénéficier d’une « présomption de minorité ». « Ils sont livrés à eux-mêmes, ils errent et sont sans protection, car l’Aide sociale à l’enfance est saturée », ajoute-t-il.

Assurer une meilleure protection des jeunes

« De plus en plus de ces mineurs quittent leur pays, leur famille », a commenté Yannick Le Bihan, directeur des opérations France de Médecins du monde.

« Particulièrement vulnérables en raison de leur âge et de leur isolement, ces enfants et adolescents constituent un public fragilisé, surexposé à des risques sanitaires, d’exploitation et de violences », juge Médecins du monde dans son rapport.

L’ONG plaide pour un « véritable dispositif d’accueil »
où les jeunes pourraient être hébergés, recevoir des soins et de la nourriture.


Pour « un système de santé inclusif »

Près de la moitié des patients reçus par l’ONG en 2017 (49,4 %) présentaient « un retard de recours aux soins » et 38,6 % d’entre eux avaient besoin « de soins urgents ou assez urgents ».

Au-delà de la proportion de jeunes en difficultés qui augmente, Médecins du Monde rappelle dans son rapport à quel point l’accès aux soins peut être difficile pour les personnes les plus précaires. L’organisation de solidarité internationale souhaite la mise en place d’« un accès simplifié et sans obstacle à l’assurance maladie pour tous ».