Chèque énergie : pourquoi l'aide risque de fondre cette année ?
Face à la flambée des prix de l’énergie, le chèque énergie est devenu un véritable bouclier pour des millions de Français modestes. Mais en 2025, la donne pourrait brutalement changer : les associations de consommateurs et les collectivités organisatrices des services publics de l’énergie redoutent une « baisse drastique » du nombre de bénéficiaires et du montant de l’aide.

Le gouvernement a réduit le budget alloué au chèque énergie
Le chèque énergie est une aide nominative attribuée sous conditions de ressources, permettant de régler tout ou partie des dépenses liées à l’énergie (électricité, gaz, fioul, bois, etc.). Il s’adresse aux foyers les plus modestes, soit environ 20 % des ménages français. Son montant, qui n’a pas évolué depuis 2019, est compris entre 48 euros et 277 euros selon la composition et les revenus du foyer.
Toutefois, pour cette année 2025, le gouvernement a décidé de réduire le budget alloué au chèque énergie, passant de 790 à 615 millions d'euros, soit une diminution de 22 %. Cette baisse budgétaire pourrait entraîner mécaniquement une diminution du nombre de bénéficiaires et, selon les associations, pourrait aussi impacter le montant moyen versé à chaque foyer. Par exemple, si les sommes allouées diminuent dans les mêmes proportions, le chèque énergie pourrait baisser de 10 à 60 euros.
Face à cette situation alarmante, les associations de consommateurs multiplient les prises de parole et les actions pour tenter d’infléchir la position du gouvernement, réclamant une revalorisation du montant du chèque énergie de 40 %, un élargissement des critères d’éligibilité et surtout, le retour à une attribution automatique pour éviter que des ménages fragiles ne passent à travers les mailles du filet.
Bon à savoir : pour 2025, le montant du chèque énergie est calculé en fonction de la taille du foyer fiscal rattaché au contrat d’énergie, et non plus sur la base du nombre réel de personnes vivant sous le même toit. Cela risque de réduire l’aide pour les ménages où, par exemple, un couple déclare ses revenus séparément ou lorsqu’un enfant majeur fait sa propre déclaration de revenus.
La majorité des nouveaux bénéficiaires potentiels n’ont pas fait la demande d’aide en 2024
Car la suppression de l’envoi automatique du chèque énergie a provoqué un véritable effondrement du recours à l’aide depuis 2024. Pour rappel, si les bénéficiaires qui avaient déjà reçu le chèque énergie en 2023 l’ont bien obtenu automatiquement en 2024, en revanche, pour les nouveaux bénéficiaires potentiels, il fallait désormais faire une demande via une plateforme en ligne ou par courrier.
Or, selon le médiateur de l’énergie, seuls 20 % des nouveaux ayants droit se sont saisis du guichet en ligne. Cela signifie qu’environ 800 000 foyers n’auraient pas touché le chèque énergie, alors qu’ils y avaient droit. Dans son rapport annuel, il prévient d’ailleurs d’une « hausse des cas de non-distribution du chèque énergie » qui risque d’enfoncer encore plus de foyers dans la précarité énergétique.
Derrière les chiffres, ce sont des familles qui risquent de se retrouver sans filet face à la flambée des factures. Pour le médiateur, il est urgent que le gouvernement revoie sa copie, simplifie l’accès à l’aide et évite d’exclure des milliers de foyers qui comptent sur ce coup de pouce pour garder la lumière allumée.
À noter : en 2025, seuls les ménages identifiés grâce au croisement des données de l’administration fiscale (DGFIP), des gestionnaires de réseaux publics de distribution d’électricité et des fournisseurs d’énergie recevront leur chèque énergie automatiquement en novembre, sans démarche à effectuer. Les autres foyers devront faire une demande sur un portail en ligne dédié. La plateforme ouvrira de septembre 2025 à février 2026.