Déficit de la Sécurité sociale : vers une baisse des remboursements pour les plus aisés ?
Le déficit de la Sécurité sociale, surnommé le « trou de la Sécu », fait régulièrement la une de l’actualité. En 2025, il devrait dépasser les 22 milliards d’euros, un niveau préoccupant qui pousse le gouvernement et les experts à envisager de nouvelles pistes pour rétablir l’équilibre. Parmi elles, la Cour des comptes envisage une solution : moduler les remboursements de la Sécurité sociale en fonction des revenus.

Les personnes les plus aisées bientôt moins bien remboursées ?
En effet, dans un rapport publié ce 14 avril, la Cour des comptes suggère d’adapter le niveau de remboursement des soins à la situation financière des assurés. L’idée : pour combler une partie du déficit de la Sécurité sociale, les personnes aux revenus les plus élevés pourraient voir leur part de remboursement diminuer, tandis que les plus modestes continueraient de bénéficier d’une prise en charge maximale.
Ce système existe déjà, sous d’autres formes, notamment en Allemagne, où les cotisations et les plafonds de remboursement sont proportionnels aux revenus. En France, le principe d’universalité prévaut encore, mais la pression budgétaire pourrait accélérer la réflexion.
Pour combler le déficit de la Sécurité sociale, la Cour des comptes propose d’autres mesures
Mais, face à l’ampleur du déficit de la Sécurité sociale, la Cour des comptes ne se limite pas à la seule question d’un remboursement différencié selon les revenus. Elle propose également un ensemble de mesures complémentaires pour maîtriser durablement les dépenses de santé et garantir l’équilibre du système :
- intensifier la lutte contre la fraude à l’Assurance maladie ;
- réduire les écarts de pratiques médicales et de dépenses entre territoires, en analysant les causes de l’hétérogénéité et en ramenant les dépenses des départements les plus dépensiers vers la moyenne nationale ;
- cibler les dépenses en forte progression, notamment les transports sanitaires, dont le coût a fortement augmenté ces dernières années ;
- privilégier la prise en charge anticipée et conforme aux bonnes pratiques en ville pour éviter des hospitalisations évitables, en particulier pour les maladies chroniques ;
- restructurer les services hospitaliers qui ne garantissent pas la qualité et la sécurité des soins, en favorisant les regroupements au sein des groupements hospitaliers de territoire ;
- améliorer la complémentarité entre établissements de santé, médico-sociaux et hospitalisation à domicile ;
- réviser l’organisation de l’offre de soins, notamment en fermant ou en fusionnant certains services hospitaliers sous-utilisés, tout en tenant compte des contraintes territoriales ;
- construire une offre graduée de prévention de la perte d’autonomie, en lien avec les caisses d’assurance retraite et les départements, pour mieux anticiper et limiter les coûts liés au vieillissement ;
- relancer et renforcer le plan antichute des personnes âgées, les chutes représentant un coût de près d’un milliard d’euros par an pour la Sécurité sociale ;
- réduire certaines prestations, comme l’indemnisation des congés maladie, déjà abaissée en avril, pour réaliser des économies immédiates.