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Les effets du sel sur la santé : The lancet relance le débat sur sa consommation

Une étude récente montre que les effets du sel sur la santé sont variables. Consommer trop de sel serait dangereux pour la santé, mais que ne pas en consommer assez pourrait également être néfaste. Un point sur ce qu’en dit la recherche.
Sommaire

Une nouvelle étude controversée publiée dans la revue scientifique The Lancet vendredi 10 août 2018 relance le débat sur la consommation de sel (sodium). Quels sont ses effets sur la santé ? Augmente-t-il les risques de développer des maladies cardiovasculaires ? Le proscrire totalement de son alimentation est-il vraiment bénéfique pour la santé ? Un point sur ce débat.

Les effets du sel sur la santé : The lancet relance le débat sur sa consommation

La consommation de sel comporterait des risques pour la santé à partir d’une certaine quantité

L’étude publiée dans The Lancet, menée par une équipe de scientifiques canadiens montre que l’absorption de sel ne serait facteur de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) qu’en cas de consommation relativement élevée correspondant à 2 cuillères à café de sel de table (12,5 g) ou 5 g de sodium par jour. Les effets du sel sur la santé ne seraient donc néfastes qu’en cas de surconsommation.

Or, l’étude qui regroupait plus de 95 000 sujets âgés de 30 à 70 ans répartis dans plus de 300 communautés dans 18 pays a également montré que cette forte consommation de sel concerne principalement les Chinois.

Axer la prévention sur les populations qui consomment le plus de sel

Hormis en Chine, seuls 15 % de la population étudiée consomment plus de 5 g de sodium par jour. L’idée étant donc de développer une démarche de prévention sur les effets du sel sur la santé dans ce pays, le seul véritablement concerné par ce problème si l’on en croit cette étude.

Pour le professeur Andrew Mente de l’Institut de recherche en santé des populations (PHRI) de Hamilton Health Sciences et de l’Université McMaster (Canada), l’« étude montre que nous devrions viser beaucoup plus les communautés et pays dont la consommation moyenne de sodium est élevée, comme la Chine, pour les ramener dans une fourchette modérée (3 à 5 g/jour) ».

Une étude controversée

Pour ces scientifiques canadiens cette deuxième partie d’étude, plus étendue dans le temps et réalisée sur un échantillon de population plus grand corrobore « les preuves de plus en plus nombreuses que le sodium, à un niveau modéré, pourrait jouer un rôle bénéfique pour la santé cardiovasculaire, mais pourrait jouer un rôle potentiellement plus néfaste lorsque l’apport est très élevé ou très faible ».

Cette étude induit donc le doute sur les bienfaits de retirer totalement le sel de son alimentation, surtout pour les personnes souffrant d’hypertension et de troubles cardiovasculaires.

Les conclusions scientifiques qui viennent d’être publiées font en fait suite à une première partie d’étude menée par la même équipe en 2016. À l’époque déjà, la méthode scientifique avait été largement critiquée, même qualifiée de « mauvaise science » par certains. En effet, la détection du sodium chez les sujets se fait dans les urines, ce qui n’est pas assez fiable selon certains chercheurs, comme pour le professeur Francesco Cappuccio, titulaire de la chaire de médecine cardiovasculaire et d’épidémiologie à l’université de Warwick, pour qui cette nouvelle publication scientifique « n’ajoute rien à la connaissance des effets du sel sur les troubles cardiovasculaires et, plus important encore, ne fournit aucune preuve que la réduction modérée de la consommation de sodium de la population soit nocive ».

L’OMS (Organisation mondiale de la santé) et de nombreux experts préconisent malgré tout une consommation de sel inférieure à moins de 5 g de sel par jour, c’est-à-dire moins de 2 g de sodium.