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Violences conjugales : Recommandations de la HAS pour aider les médecins à mieux repérer les victimes

La HAS (Haute autorité de santé) souhaite inciter les professionnels de santé à mieux repérer les femmes souffrant de violences conjugales. Explications.
Sommaire

C’est la première fois que la Haute autorité de santé publie des recommandations sur les violences faites aux femmes. Elle propose un guide à destination des médecins et professionnels de santé. Les recommandations émises ont pour but de les aider à mieux repérer les potentielles victimes, les conseiller et les orienter le cas échéant.

Violences conjugales : Recommandations de la HAS pour aider les médecins à mieux repérer les victimes

Les médecins en première ligne

Selon la HAS, chaque année, en France, près de 220 000 femmes entre 18 et 75 ans subissent des violences conjugales. En 2018, 121 ont fini par y succomber. Ces violences peuvent être physiques, verbales ou sexuelles et sont portées par leur partenaire ou ex-compagnon.

Les victimes de violences conjugales ne parlent que très peu de leur quotidien. Or le médecin de famille ou tout autre professionnel de santé ont souvent un rapport privilégié avec leurs patients. Ils devraient être les premiers sonneurs d’alerte, capables de détecter certains signes, comme :

  • des lésions traumatiques récurrentes
  • des explications peu plausibles
  • le conjoint omniprésent durant le rendez-vous
  • des troubles de l’anxiété
  • des fractures dentaires répétées
  • des grossesses multipliées et non désirées, etc.

Souvent consultés avant les assistantes sociales ou la Police, les médecins, faute de formations sur le sujet ou par manque de pédagogie, n’ont pas les bons outils pour aborder le sujet ou ne savent pas comment réagir face à cette problématique. D’après la HAS, ils pourraient même ne pas être capables de déceler ce type de maltraitance lors d’un rendez-vous.

Que propose la HAS pour aider les médecins à mieux cerner les victimes ?

Les recommandations de la HAS sont claires : les médecins doivent « systématiquement aborder la question des violences avec chacune de leurs patientes ». Pour ce faire, ils doivent être capables d’instaurer un climat de confiance et poser des questions clés, comme :

  • « Comment vous sentez-vous à la maison ? »
  • « Avez-vous déjà eu peur de votre partenaire ? »
  • « Comment cela se passe-t-il en cas de dispute ? », etc.

Afin de les aider, la HAS propose une recommandation comportant 2 fiches thématiques :

  • le repérage et l’évaluation des violences
  • les actions à mener pour les protéger

Des affiches sont également à laisser à disposition dans la salle d’attente, afin d’inciter les victimes à composer le 3919.

Les femmes qui vont consulter pour des troubles dépressifs ou psychosomatiques, des blessures ou lésions chroniques restant inexpliquées, etc., doivent alerter les professionnels de santé. En effet, les violences ont toujours tendance à s’aggraver dans le temps. Le rôle du médecin est donc essentiel et préventif.

Que doit faire le médecin en cas de suspicion de violences conjugales sur une patiente ?

La HAS préconise au médecin ou professionnel de santé quelques pistes en cas de suspicion de cas de violences chez une patiente.

En premier lieu, il doit informer la victime (avérée ou présumée) sur ses droits. Il doit l’encourager à porter plainte et l’orienter vers des associations spécialisées. Avec accord de la victime, il peut même aller plus loin en faisant un signalement.

Si une patiente se présente avec des blessures qui ne laissent place à aucun doute sur leur nature, tout professionnel de santé peut aussi instaurer un plan d’urgence. Cela consiste à mettre en place une alerte codée avec des membres de la famille ou des amis de confiance, afin que la victime puisse les prévenir en cas de danger imminent, et/ou à convenir d’un endroit où se réfugier pour être en sécurité.