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L'école Montessori

Maria Montessori revendiquait, pour l'enfant, un apprentissage de la liberté et de l'autonomie dans un environnement préparé avec soin. Comment inscrire son enfant dans une école Montessori ? Quel est son coût à l'année ?
Sommaire

Maria Montessori aura été une pionnière dans le monde de l’éducation. Elle se fait connaître en proposant une nouvelle méthode enseignée dans une première école qu’elle ouvre à Rome en 1907. Aujourd’hui des écoles du monde entier portent le nom de cette psychiatre italienne devenue célèbre en réussissant à imposer une alternative à l’institution publique, avec un programme qu’elle a enrichi au fur et à mesure de ses voyages à travers le monde.

L'école Montessori



La pédagogie de Maria Montessori

Étudiante en faculté de médecine, Maria Montessori dénote déjà au milieu de ses congénères exclusivement masculins qui dissèquent, observent et apprennent penchés sur des corps nus. Sa première expérience en clinique psychiatrique la mettra en contact avec des enfants déficients en difficulté d’apprentissage. C’est à ce moment-là qu’elle s’intéresse au sujet.

Le 6 janvier 1907, elle reçoit pour la première fois parents et enfants dans sa nouvelle école située dans un quartier pauvre, sous le regard curieux de quelques personnalités. Cinquante enfants prennent place face à Maria Montessori qui va devoir convaincre. Elle est déjà connue sous le nom « La Montessori ».

Mais elle veut aller plus loin dans sa pédagogie, une pédagogie déjà basée sur le respect de l’enfant et sur son développement inclusif.

Elle va même jusqu’à approcher Mussolini à l’époque pour tenter d’obtenir une reconnaissance nationale de sa méthode Montessori afin que celle-ci soit enseignée dans toute l’Italie.

Arrivée à 60 ans, elle a sillonné le monde, rapporté d’autres expériences, mais aussi détaillé ses méthodes d’enseignement à l’occasion de conférences. Son socle pédagogique est d'utiliser la posture synergique de l’enfant, ses aptitudes émotionnelles et sa volonté de coopérer. L’impliquer aussi en l’invitant à s’autocorriger... l’ancêtre du self-learning.

Désormais célèbre, Maria Montessori se rend en Inde, accompagnée de son fils illégitime, Mario, dont elle a fait son proche collaborateur. Elle répond à la sollicitation de la Société théosophique, une organisation internationale dont la devise est « il n'y a pas de religion supérieure à la vérité ». En raison de la 2e guerre mondiale, elle restera longtemps en exil avant de revenir en Europe.

Été 1946, voilà 6 ans que sa méthode Montessori trouve ses adeptes à travers le monde entier. Quel est le fondement de la méthode ? Comment intégrer une école Montessori ?

Montessori, l’école de soi

Pour Maria Montessori, l’enfant détient déjà les clés de son développement. L’éducation ne doit pas venir « frustrer » ce potentiel, mais au contraire le porter à travers une invitation à la liberté et à l’autonomie.

L’approche Montessori relève plus de la stimulation que du façonnage intellectuel. Guider l’enfant vers une posture de découverte permanente, une forme de réflexe d’autoapprentissage.

Cette méthode vise à conduire la génération vers une société d’individus conscients et capables de prendre leurs responsabilités face aux choix individuels et collectifs qui se présentent.

Son enseignement est conditionné par 4 critères essentiels :

  • Un éducateur diplômé de l’Association Montessori Internationale, éventuellement accompagné d’un assistant certifié par cette même association : son rôle est d’appréhender le potentiel de l’enfant et de veiller qu’il soit en condition optimale pour son développement ;
  • Des âges mélangés : une trentaine d’enfants appartenant au cycle maternel (3-6 ans) ou primaire (6-9 ans ou 9-12 ans) qui collaborent et assimilent l’échange, le respect, l’émulation en socialisant ;
  • Du temps réservé à l’autonomie : 2 à 3h par demi-journée sont réservées à l’activité de l’enfant qui développe sa concentration ;
  • Des activités extrascolaires : des sessions avec des experts artistiques ou autres, sur un temps restreint.

Des équipements pédagogiques viennent appuyer les intervenants et la méthode. Ils permettent à l’enfant de construire sa propre intelligence, sa culture et de déployer sa créativité.

Ainsi, cette méthode se base sur le principe d’une construction intellectuelle améliorée en environnement apaisé : une présence, un environnement, des ressources.

Une pédagogie éprouvée scientifiquement

Maria Montessori a emprunté les codes de la recherche pour construire sa méthode : l’expérimentation et l’observation sur la base d’un postulat, l’épanouissement de l’enfant.

A l’arrivée, quatre périodes se détachent, de 0 à 24 ans :

  • La petite enfance (0-6) : l’âge du « moi », l’enfant veut se débrouiller seul ;
  • L’enfance (6-12) : l’âge « moral », l’enfant devient curieux et imaginatif ;
  • L’adolescence (12-18) : l’âge « social », l’enfant aspire à une vie active et associative ;
  • La maturité (18-24) : l’âge « politique », le jeune devient mature, mais a besoin d’être rassuré dans ses engagements.

En plus de ces quatre périodes, du matériel très épuré, repris aux professeurs Jean Itard, médecin expert de l’éducation spécialisée et Édouard Séguin, à l’origine de l’éducation des personnes handicapées mentales. Le principe est de proposer des concepts de formes, de couleurs et de dimensions simples et de laisser l’imaginaire de l’enfant construire autour de ceux-ci.




Montessori en France

L'école Montessori

Le réseau

Il existerait environ 35 000 écoles Montessori dans le monde dont une centaine en France reconnue par l’Association Montessori de France (AMF), la plupart hors contrat et quelques-unes sous contrat avec l'État. Ces écoles Montessori assurent principalement les classes de maternelle et élémentaire. On ne compte qu'une vingtaine de collèges et trois lycées en France.

Les enfants sont regroupés selon les tranches d’âge. Chaque tranche étant réceptive à certains domaines : langage, mouvements, ordre, comportement social, etc. L’objectif est de les familiariser à leur propre autonomie afin qu’ils puissent ensuite s'organiser pour poursuivre leur développement en grandissant.

Montessori est une méthode que toutes les écoles peuvent s’approprier sans agrément, il est donc important de vérifier auprès de l'association Montessori France (AMF), affiliée à l'association internationale créée par Maria Montessori, qui sont les écoles adhérentes.

Enseignement bilingue

Le réseau Montessori 21 compte 6 écoles bilingues français-anglais et un collège trilingue français-anglais espagnol qui accueillent des enfants de la maternelle à la 3e. Le suivi de chaque enfant est personnalisé. Il porte tant sur son apprentissage lié au programme Éducation nationale, mais aussi sur son développement social et émotionnel.

Les héritiers Montessori

Les travaux Montessori sont repris par de nouvelles initiatives d’enseignement, à l’image du pédagogue Célestin Freinet. Développer l’autonomie, le sens critique, le self-learning : une nouvelle approche pour réconcilier école, enseignants et élèves.

Actuellement en France, 20 000 élèves suivent des pédagogies alternatives (Freinet, Montessori ou Steiner), des méthodes qui peinent à intégrer l’Éducation nationale.

En majorité ces écoles bannissent notes et évaluations puisque l’enfant s’évalue par rapport à son propre potentiel. L’autocorrection est l’opportunité de découvrir qu’il est possible de s’améliorer avec une pression moindre et un plaisir d’apprendre supérieur.

Classes coopératives Freinet

Une pédagogie moderne basée sur le plaisir, l’intérêt et la curiosité tout en réservant sa place aux matières. Un seul crédo, le learning by doing. Un enfant est motivé à la réalisation de ses propres projets pour communiquer avec l’extérieur comme écrire un journal pour lequel on s’applique parce qu’il sera lu.

Tout le principe de la pédagogie alternative Freinet est d’apprendre à l’enfant à s’appuyer sur lui-même pour grandir. Pour cela, il doit acquérir une confiance en lui. La valorisation des réussites même minimes fait partie du processus.

Il apprend aussi à collaborer pour aboutir à des solutions différentes et pour expérimenter la synergie de groupe : les aînés aident les cadets par exemple.

Ouverture au monde avec Steiner

Steiner, philosophe autrichien de la fin du 19e est l’initiateur de cette pédagogie.

La technique consiste à donner vie aux concepts enseignés, pratiquer les additions et les soustractions en chair et en os, à travers un groupe d’élèves qui entrent et sortent d’une pièce parce qu’ils ont besoin d’incarner le principe appris.

La pédagogie comprend l’apprentissage de deux langues vivantes dès le préparatoire ainsi que des stages dans des secteurs professionnels à partir du collège.

Une école de rêve ?

Entre l’absence de devoir, frein au plaisir d’apprendre et la place particulière donnée à l’enfant dans cette pédagogie, on se demande pourquoi ces méthodes ne remportent pas plus de succès.

Les parents eux-mêmes ont un rôle plus participatif comme à l’École Freinet où ils disposent d’une salle réservée leur permettant de venir à tout moment de la journée pour partager leur savoir ou donner du temps pour la lecture. Une façon de faire tomber les barrières entre l’école et la vie.

L’environnement propice engendre peu d’incivilité et le mixage des âges permet d’amortir les écarts de niveau.

Il est difficile de contrôler les résultats d’un circuit d’enseignement non référencé par l’Éducation nationale, mais globalement ce réseau permet de :

  • Réinsérer dans l’apprentissage des élèves en difficulté ;
  • Développer les soft-skills aujourd’hui demandés ;
  • De donner une aptitude à poursuivre son autoapprentissage au-delà du cursus scolaire.

Le bémol reste sur l’accès à ces formations alternatives. Alors que Maria Montessori a pensé sa méthode pour les enfants défavorisés ou en difficulté, celle-ci est plutôt enseignée à des enfants privilégiés dont les parents peuvent s’offrir ses services. Les parents déboursent en moyenne entre 5 000 et 6 500 euros par an pour accéder à cet enseignement.

Le sociologue, Stanislas Morel, rappelle que l’intérêt des travaux de Maria Montessori était d’apporter une lecture scientifique à la pédagogie que certains pensent intuitive. Des recherches en sciences cognitives confortent les pistes Montessori dans le mécanisme d’apprentissage et d’épanouissement des enfants. Une étude publiée dans Science en 2006 montrait les bénéfices de cet apprentissage sur la lecture, le langage, l’exécution et la compréhension des autres. Outre les évaluations scolaires, les élèves présentaient de bonnes aptitudes sociales. L’actuel ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer est favorable à une prise en compte de l’approche Montessori, notamment pour le mixage des classes.