Passées À venir

Un « Reste à charge zéro » pour les lunettes, soins dentaires et prothèses auditives

Le président de la République se donne jusqu’en 2021 pour arriver au « 100 % Santé », c’est-à-dire d’atteindre le 100 % de prise en charge pour les Français de certains soins jusqu’ici réputés pour être très mal remboursés. Il a réitéré cet engagement du gouvernement, mais comment cette réforme va-t-elle être financée ?
Sommaire

Le 13 juin 2018 a eu lieu le 42e Congrès de la Mutualité Française où le président de la République a réitéré sa promesse du reste à charge zéro pour certains soins dentaires, paires de lunettes et appareils auditifs. Un point sur les récentes déclarations du gouvernement à ce sujet.

Un « Reste à charge zéro » pour les lunettes, soins dentaires et prothèses auditives


Les soins dentaires, optiques et auditifs sont actuellement plutôt mal remboursés

« Le reste à charge zéro est une conquête sociale essentielle et un investissement que j’assume », a déclaré le président.

Après remboursement de la Sécu et des complémentaires santé, les Français payent en moyenne de leur poche 8,5 % du total de leurs soins dentaires, optiques ou auditifs remboursés.

Mais 43 % de leurs soins dentaires ne sont pas pris en charge du tout, 22 % des soins optiques, et 53 % des prothèses auditives.

« C’est 200 euros la couronne en moyenne, 65 euros la correction d’une myopie et 1 700 euros pour être équipé » d’appareils auditifs, a rappelé M. Macron.

La Sécu et les mutuelles participeront à l’effort financier

Cette baisse des tarifs va avoir lieu grâce à des négociations tripartites qui ont eu lieu ces derniers mois entre les organisations mutualistes, les professionnels de l’optique, les dentistes, les opticiens et le gouvernement. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a par ailleurs signé ces accords quelques heures après le discours du président de la République.

L’État s’est engagé à augmenter les remboursements de la Sécu et les complémentaires santé se sont engagés à prendre en charge une partie plus importante du cout de ces soins. La part des dépenses supportée par les assurés devrait donc diminuer de plusieurs centaines de millions d’euros. « C’est un investissement que j’assume et que nous allons partager », a ajouté le chef de l’État devant l’enthousiasme mitigé des quelque 2 000 professionnels mutualistes. En effet, il a demandé aux mutuelles de ne pas augmenter les prix des cotisations des adhérents, sans pour le moment leur offrir de réelle contrepartie.

Le cout de cette réforme

Le chef de l’État a bien parlé de « cout partagé », mais n’a pas avancé de chiffres pour le moment. Il a juste indiqué que l’Assurance maladie participera en « doublant sa prise en charge sur les aides auditives pour les adultes d’ici à 2022 ».

Thierry Beaudet, le patron de la Mutualité, se montre mesuré quant à l’impact financier d’une telle réforme : « Il est encore trop tôt pour en apprécier le coût. Les trois familles (dentaire, optique, auditif) ont avancé des chiffres différents. Cela tient aux incertitudes sur les comportements des professionnels de santé et des Français. »

Pour Albert Lautman, le directeur général de la Mutualité, « l’accord est équilibré, mais beaucoup de questions restent sur le coût final et la capacité à mener la réforme sans impact sur les cotisations », a-t-il dit au « Quotidien ».

Agnès Buzyn, après la signature de son « accord historique » a estimé le cout de cette réforme à environ 1 milliard d’euros sur 5 ans. « La part de l’assurance maladie sera plus importante que celle des complémentaires », a-t-elle déclaré. La ministre de la Santé a par ailleurs assuré qu’elle observera « de très près » l’évolution des tarifs, « que ce soit ceux des complémentaires santé ou des produits ».

Les devis en optique, dentaire et dans le secteur des audioprothèses répondant aux critères du « 100 % santé » — le nom « plus positif » donné au « Zéro reste à charge » — devront obligatoirement s’accompagner du tiers payant généralisé. « Les deux réformes sont concomitantes et parallèles, nous y arriverons », a conclu la ministre.