Passées À venir

Scandale de la viande de cheval dans les lasagnes, le procès débute lundi 21 janvier 2019

En 2013, des analyses des autorités sanitaires avaient révélé la présence de viande de cheval en lieu et place de la viande de bœuf dans des lasagnes de marque Findus, Carrefour ou Picard. Retour sur ce scandale et sur le procès qui débute ce lundi 21 janvier 2019.
Sommaire

Six ans après les premières révélations concernant un énorme scandale alimentaire, où de la viande de cheval avait été substituée à de la viande de bœuf, notamment dans des lasagnes, l’investigation a révélé un véritable trafic. Le procès va s’ouvrir autour de chefs d’accusation tels que « tromperie » et « escroquerie en bande organisée ».

Rappel des faits et point sur l’enquête.

Scandale de la viande de cheval dans les lasagnes, le procès débute lundi 21 janvier 2019

Découverte de viande de cheval dans des lasagnes en 2013

Février 2013 en Grande-Bretagne, l’entreprise Comigel, fabricant de produits surgelés et sous-traitant français notamment de Findus retire bon nombre de ses produits de la vente après avoir trouvé de la viande de cheval dans certains de ses produits censés être fabriqués à base de viande de bœuf. Comigel met de suite en cause Spanghero, une entreprise basée dans l’Aude, qui lui fournit la viande. Quelques jours après, des lasagnes « à la viande de cheval » sont également retrouvées en France au rayon surgelé chez Picard, laissant planer la possibilité d’un trafic.

Une enquête préliminaire est alors ouverte à Paris qui révèle la grande opacité qui règne dans les filières d’approvisionnement dans l’agroalimentaire.

L’investigation de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) montrera qu’au moins 750 tonnes de viande de cheval ont été écoulées dans 13 pays européens, représentant quelque 4,5 millions de plats cuisinés.

L’entreprise Spanghero rapidement accusée

Très rapidement, le gouvernement français retire l’agrément sanitaire de l’entreprise Spanghero, accusée de « tromperie économique » pour avoir délibérément vendu de la viande de cheval à la place de viande de bœuf à des fabricants de plats cuisinés. Quelques mois plus tard, l’entreprise sera placée en liquidation et revendue, changera de nom, mais déposera de nouveau le bilan un an plus tard, pour finalement être reprise par le groupe alimentaire CA Holding.

L’affaire débouchera sur 4 mises en examen : l’ancien dirigeant de Spanghero, Jacques Poujol, et l’ex-directeur du site Patrice Monguillon pour escroquerie en bande organisée en septembre 2013 ainsi que deux traders néerlandais, Johannes Fasen et Hendricus Windmeijer. Leur procès en correctionnelle pour « tromperie » et « escroquerie en bande organisée » s’ouvre ce lundi 21 janvier à Paris.

Le juge d’instruction parle ouvertement de « fraude organisée » et « lucrative »

Le juge qui instruit cette affaire, Serge Tournaire, décrit dans son ordonnance un trafic prémédité et lucratif, avec des ramifications multiples : « Si les protagonistes de l’affaire ont tenté de présenter les faits comme une série de négligences et d’erreurs, l’information a permis au contraire de démontrer que les faits n’étaient pas fortuits et résultaient d’une véritable organisation, préméditée, préparée, et impliquant de nombreuses personnes ». Selon lui, les responsables de Spanghero s’assuraient des marges confortables en vendant du cheval au prix du bœuf.

Pour Me Vey, un des avocats de Mr Poujol — l’ancien dirigeant de Spanghero soupçonné d’être le principal responsable de la fraude — son client est victime de l’escroquerie et non coupable : « Mon client, au même titre que plusieurs sociétés en France et en Europe, n’a pas pu identifier la fraude orchestrée par Johannes Fasen. Si d’autres sociétés ont pu être trompées, cela démontre bien que Jacques Poujol n’est pas l’instigateur de la fraude. On a voulu en faire un bouc émissaire du système ».