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Dioxyde de titane E171 interdit dans les produits alimentaires à compter du 1er janvier 2020

À compter du 1er janvier 2020, le dioxyde de titane, mentionné sur les étiquettes sous le nom de E171 ou TiO2, sera interdit dans les denrées alimentaires pour une durée de 1 an.
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Le dioxyde de titane, plus connu sous le nom d’additif E171, est présent dans de nombreux produits alimentaires (confiseries, chewing-gums, pâtisseries, plats préparés, yaourts, etc.), mais sa composition en nanoparticules peut s’avérer néfaste pour la santé des consommateurs. Après avoir reçu le rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sur cet additif controversé, le gouvernement a annoncé le mercredi 17 avril 2019 sa décision d’interdire par mesure de précaution la vente de denrées alimentaires contenant du dioxyde de titane à partir du 1er janvier 2020. Faisons un point sur cet additif alimentaire et la mesure prise pour protéger la santé des Français.

Dioxyde de titane E171 interdit dans les produits alimentaires à compter du 1er janvier 2020

Qu’est-ce que l’additif E171 ?

L’additif alimentaire E171 est fréquemment utilisé pour ses propriétés opacifiantes et colorantes dans un grand nombre de produits alimentaires comme les bonbons, les crèmes glacées, les pâtisseries, les plats préparés ou encore les sauces d’assaisonnement.

Il est constitué de particules de dioxyde de titane, dont 5 à 45 % de nanoparticules (50 000 fois plus petites qu’un cheveu). Le dioxyde de titane, ou oxyde de titane est un minéral composé d’oxygène et de titane (TiO2). L’Afrique du Sud et l’Australie disposent des plus gros gisements et assurent à peu près la moitié de l’extraction mondiale. Après traitement, le minéral est transformé en poudre blanche et utilisé pour faire briller les couleurs ou dans les colorants blancs. De nombreux produits de la vie courante contiennent du dioxyde de titane : denrées alimentaires, produits cosmétiques, crèmes solaires, produits d’hygiène, médicaments, peintures, etc.

Depuis 1966, l’utilisation du dioxyde de titane dans l’industrie agroalimentaire est autorisée en Europe. Mais ce n’est que depuis quelques années que cette poudre colorante et opacifiante suscite des préoccupations au sein de la communauté scientifique et inquiète les associations.

Quels sont les effets nocifs de cet additif controversé ?

À l’origine, le dioxyde de titane n’est pas toxique pour les organismes vivants. En revanche, il peut s’avérer nuisible sous sa forme nanoparticulaire, car les nanoparticules de l’additif E171 pourraient traverser les barrières physiologiques du corps, passer d’un organe à l’autre et se retrouver dans la circulation sanguine.

En effet, dans le cadre du projet NANOGUT, une étude de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) menée en 2017 sur des rats, avait démontré que l’additif alimentaire E171 pouvait effectivement circuler dans le sang et s’accumuler dans plusieurs organes, notamment l’intestin et le foie. Pendant 100 jours, les rongeurs ont été exposés par voie orale à des doses de dioxyde de titane (10 milligrammes par kilogramme de poids corporel et par jour) dans l’eau de boisson. Le but était de se rapprocher le plus possible de la quantité ingérée au quotidien par l’homme.

Résultats de cette expérience : 40 % des cobayes à quatre pattes ayant reçu les nanoparticules de dioxyde de titane pendant 100 jours avaient développé spontanément des lésions précancéreuses au niveau du côlon. Cela ne signifie pas pour autant que les animaux vont nécessairement développer un cancer colorectal.

Éric Houdeau, coauteur de cette étude et membre du centre de recherche en toxicologie alimentaire de l’INRA à Toulouse, a tenu à expliquer que « nous nous sommes basés sur une étude de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de 2016, qui rapporte les quantités de dioxyde de titane de différents aliments et qui croise ces données avec des modèles alimentaires rapportés aux différentes classes d’âge ». Par exemple, l’étude démontre que les adultes consomment un seul milligramme d’E171 par kilo et par jour, alors que les enfants de moins de 6 ans en consomment environ 9 milligrammes. Cela s’explique simplement par le fait que les enfants mangent beaucoup plus de friandises que les adultes.

De son côté, le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) a classé en 2006 le dioxyde de titane parmi les « substances cancérogènes possibles chez l’homme » quand il est inhalé.

L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), quant à elle, déconseille fortement l’utilisation des produits cosmétiques qui contiennent des nanoparticules de dioxyde de titane sur des peaux lésées.

Mesures prises par le gouvernement pour protéger les consommateurs

Suite aux nombreuses préoccupations que suscite l’additif E171, les ministres chargés de l’environnement, de la santé, de la consommation et de l’agriculture ont saisi l’ANSES en février 2019 afin d’examiner attentivement toutes les connaissances actuelles sur la nocivité du dioxyde de titane. Ainsi, une équipe d’experts, mise en place par l’agence, s’est chargée d’analyser les 25 nouvelles études publiées depuis 2017. Aucune n’a réellement confirmé ou infirmé les résultats de l’étude NANOGUT.

L’expertise n’a rien donné de concret, mais dans le doute, l’ANSES a préféré réitérer ses recommandations qui préconisent une exposition limitée au dioxyde de titane, surtout pour les consommateurs.

À l’heure actuelle, il est impossible d’affirmer que l’additif E171 est cancérigène, car les données scientifiques ne sont pas suffisantes pour lever les incertitudes autour des risques liés à la consommation de cet additif alimentaire. De nouvelles expériences doivent être menées pour connaître réellement l’impact du dioxyde de titane sur la santé humaine. Au 3e trimestre 2019, l’ANSES doit publier une évaluation des risques liés à la présence de nanoparticules dans l’alimentation, notamment celles de dioxyde de titane. L’EFSA doit également donner son avis pour mi-2019.

Après avoir pris connaissance de l’avis de l’ANSES sur l’additif alimentaire E171 et dans le cadre de la loi dite ÉGalim, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, François de Rugy, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, et Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, ont pris la décision d’interdire formellement la mise sur le marché de produits alimentaires contenant du dioxyde de titane pour une durée de 1 an, par mesure de précaution.

L’arrêté du mercredi 17 avril 2019 entrera en vigueur au 1er janvier 2020.